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Réflexion sur les relations hispano-marocaines.

Une pléiade de penseurs, d'écrivains et de décideurs marocains et espagnols sont en conclave, à partir de lundi à Santander (Cantabrie-nord d'Espagne), pour réfléchir sur l'état des relations de coopération entre l'Espagne et le Maroc depuis l'indépendance du Royaume et tenter d'en faire un diagnostic exhaustif à même de raffermir le dialogue pour «la construction d'un avenir commun».

Cette opportunité de rencontre (28-30 courant) entre des experts des deux rives du Détroit est facilitée par l'Institut des études hispano-lusophones (IEHL), de l'Université Mohammed V-Agdal en collaboration avec l'Université Menendez Pelayo de Santander, à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance du Maroc.

Elle se veut, selon ses initiateurs, une occasion de «faire un état des lieux et de réfléchir sur l'avenir des relations avec des pays qui partagent avec le Royaume des pans entiers de l'histoire». A cet égard, l'Espagne, de par la proximité géographique et les multiples liens historiques, politiques, économiques et culturels qu'elle entretient avec le Maroc, occupe une place de choix à ne plus démontrer.

La rencontre a été lancée hier par le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires étrangères, Bernardino Leon, en présence de Mme Karima Benyaich, directrice de la coopération scientifique au ministère des Affaires étrangères et de la coopération, et de l'ambassadeur d'Espagne à Rabat, M. Luis Planas Puchades. L'exposé inaugural fut à la charge du président de l'Université Mohammed VI, M. Hafid Boutaleb Joutei, sur les «50 ans du développement humain au Maroc» à la lumière du Rapport du Cinquantenaire sur le développement humain avant que l'ex-ministre de la communication, M. Larbi Messari, ne tente de déceler les prémisses du «malentendu» entre le Maroc et l'Espagne à partir de 1955.

Les participants se sont attaqué ensuite au premier axe de réflexion sur le thème «Pensée et histoire à la croisée des chemins» avec une étude sur «L'alliance des cultures et des civilisations» de l'écrivain et professeur de philosophie espagnol, Mme Maria Fernanda Santiago Bolanos. L'intervention de Zakia Daoud, écrivain et journaliste, consiste en un diagnostic «des relations entre les deux rives à travers le Détroit de Gibraltar» et le directeur de l'Institut européen de la Méditerranée, le diplomate Senen Florensa Palau, a prospecté les relations bilatérales au regard de l'Association euroméditerranéenne.

Le chercheur à l'Université Lyon II (France), M. Rachid Benzzine, a tenté de démêler l'écheveau de l'interpénétration entre «histoire et mémoire», au pluriel comme au singulier, ou comment «penser l'altérité».
Le professeur de l'université Hassan II de Casablanca, Mohamed Tozy, inaugurera, sur un ton interrogatoire, les travaux de la deuxième journée pour savoir «Comment penser la Méditerranée» et l'écrivain Abdellatif Laâbi fouillera dans ce «désir ardent de l'Europe» qu'on exprime, avec plus ou moins de raison, sur le versant sud de la Mare Nostrum.

Mohamed Berrada partira, dans son exposé, d'une évidence que «la connaissance de soi-même passe par le dialogue avec l'autre» et la diplomate et sociologue Aïcha Belarbi, donnera un avant-goût du deuxième volet sur le thème «Migrations et Femmes». La femme en tant que vecteur de consolidation des liens socioculturels entre le Maroc et l'Espagne sera au centre du deuxième axe de réflexion sous le titre générique de «Femmes des deux rives, un travail commun». Dans ce cadre, l'anthropologue Maria Angeles Roque jettera un regard croisé sur «la lutte contre les stéréotypes culturels» de part et d'autre du Détroit, avant que Amina Lemrini El Ouahabi, professeur et membre du comité Averroès, ne vienne expliquer comment s'est opéré le changement dans le statut de la femme marocaine avec le nouveau Code de la famille.

Sa collègue de l'université d'Alicante (Sud d'Espagne), Yolanda Aixela Cabré, clôturera cet aspect du colloque en se penchant sur les phénomènes du «féminisme et de l'associationnisme», en rapport avec le combat des femmes au Maroc. Le rôle de la presse et de la littérature pour «jeter des ponts entre les deux rives» et pour améliorer la perception de part et d'autre de Gibraltar va constituer le fil conducteur des travaux de la troisième et dernière journée avec un exposé de Miguel Angel Aguilar Tremoya, de l'association des journalistes européens et membre du comité Averroès.

Interviendront dans le même cadre le diplomate espagnol Fidel Gomez del Campillo sur la «diplomatie culturelle» comme instrument de mobilisation et d'échanges mutuels et le professeur Bensalem Himmich sur le rôle de la «traduction comme pratique de reconnaissance et d'échange culturels». Eloy Martin Corrales, professeur de l'Université de Barcelone (Nord-Est), fera un listing détaillé de «50 ans de bibliographie espagnole sur le Maroc» depuis 1956 jusqu'à nos jours et le directeur du «Centre Al Andalus» (Tetouan-Séville), Antonio Reyes Ruiz, parlera en connaisseur du rôle de la coopération culturelle comme base d'un avenir commun entre les deux pays. L'enseignement de l'espagnol au Maroc et ses perspectives d'avenir seront la note finale que donnera le directeur de l'Institut Cervantès de Casablanca, Antonio Martinez Luciano.

Cette rencontre se tient en collaboration avec des ministères espagnols (Education, Culture et Affaires étrangères) et le soutien d'une grande boîte de communication en Espagne. Son initiateur, l'IEHL, a pour vocation de revaloriser le patrimoine historique et culturel que partage le Maroc avec le monde hispano-lusophone et de consolider les liens de coopération et d'échange culturel avec les pays qui ont l'espagnol et le portugais en partage.

Rachid Mamouni
Source: Le Matin

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