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Lycée musulman : avis défavorable du recteur de Lyon

Alain Morvan justifie sa décision par des raisons de sécurité.

Le lycée musulman de Décines (Rhône) risque de rater sa rentrée ( Libération de samedi et dimanche). Le recteur de l'académie de Lyon veut s'opposer à son ouverture, pour des raisons de sécurité. Joint hier après-midi par Libération, Alain Morvan explique ses réserves : «Tout me pousse à faire jouer le principe de précaution. La présence très proche du poste de détente d'une conduite de gaz m'inquiète beaucoup. Il s'agit d'une soupape qui permet de relâcher du gaz lorsque la pression est trop forte. Cela se sent parfois aux alentours, mais ce n'est pas le souci. Ce qui me préoccupe, c'est l'état lamentable du grillage de protection. Il est rouillé, troué. En passant à quatre pattes, il est facile d'accéder au poste de gaz, comme de jeter quelque chose par-dessus. Je me pose réellement la question du risque pour les élèves. Par ailleurs, il est notoire que le sol est pollué, la nappe phréatique aussi. Les responsables du lycée ont fait pratiquer des analyses, mais de l'air ambiant seulement. C'est ce que la loi leur imposait.»

Contraintes. L'association Al-Kindi avait prévu à l'origine un établissement pouvant accueillir jusqu'à 700 élèves, mais elle est revenue à un nombre plus modeste (200 maximum) afin d'échapper aux contraintes les plus draconiennes. «En l'état actuel du dossier, je n'y enverrais en aucun cas mes enfants», tranche le recteur, qui a interrompu ses vacances pour gérer ce dossier, qui occupe «95 % de [son] temps».

La position du recteur ne va pas arranger les pouvoirs publics, inquiets d'une décision pouvant être interprétée comme une nouvelle marque de défiance vis-à-vis de la communauté musulmane. Le recteur, en revanche, n'aura pas de filet de secours. Une fois la déclaration d'ouverture déposée, le 31 juillet, il avait un mois pour se décider et se pourvoir, en cas d'opposition, devant le conseil académique de l'Education nationale. Alain Morvan admet ressentir autour de lui un «concert de bonnes intentions qui voudraient voir aboutir ce dossier, alors qu'il semble ne pas être mûr». Il rappelle que la décision est de sa «responsabilité personnelle». Et il ajoute : «Si les scrupules dont je fais preuve avaient toujours été observés en France, nous aurions échappé à certaines catastrophes.»

Critiques. Pour que la décision vers laquelle il se dirige ne soit pas mal comprise, Alain Morvan précise qu'il n'a «rien contre l'islam». Il en veut pour preuve les critiques qu'il a eues à encourir «il y a quelques années, pour avoir retenu le bras du pouvoir séculier contre une gamine qui portait un bandana». Le recteur rappelle qu'il n'a par ailleurs «aucun avis à donner sur l'opportunité même d'ouvrir un lycée de ce type». Il s'est contenté de vérifier les conditions de sécurité, constatant que «trop d'hypothèques ne sont pas levées». Alain Morvan attend désormais une validation de sa position par son ministère.

Source: Libération

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