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Comment les jeunes marocains voient-ils leurs avenir

LES jeunes bacheliers se sont projetés dans 20 ans, à la demande du HCP(1) (Haut-commissariat au plan). En gros, ils pensent que les problèmes sociaux seront réglés, qu’hors du Maroc la vie sera difficile, mais plus d’un tiers pensent partir.



· En 2030, les problèmes sociaux seront réglés
L’enquête, qui leur demandait d’imaginer le Maroc et eux-mêmes en 2030, a été réalisée fin 2005 auprès de 1.271 bacheliers de tout le Royaume selon la méthode des quotas. En 2030, trois quarts (74%) des sondés se voient avec «cadres supérieurs», 23% «cadres moyens», et moins de 1% respectivement ouvriers ou exploitants agricoles, ou encore femmes au foyer.

Manque d’ambition ou manque d’imagination ou encore poids des idées toutes faites? Aucun de ces jeunes ne s’est imaginé à la tête d’un empire industriel ou entrepreneur, ou astronaute, ou célèbre peintre, ou même exerçant une profession libérale. La question posée est pourtant «quel métier exercerez-vous en 2030?».

Si cet âge ne rêve pas de choses folles, celles qui précisément propulsent un pays dans l’innovation, qui le fera?!

Maroc 2030: Le plus beau pays du monde!

Ces jeunes auraient eu comme devoir: «Tracez la feuille de route pour le Maroc 2030», ils n’auraient pas donné mieux que leur réponse à l’enquête:
Ils voient un Maroc sans analphabétisme, sans pauvreté, sans chômage, avec une forte croissance économique, rayonnant, ayant réglé ses problèmes d’intégrité territoriale. Ils espèrent que d’ici 20 ans, les trous béants et les déficits sociaux seront comblés. Ces chantiers sont des nécessités, des contraintes à éliminer. Le rêve se limite à partir, à faire sa vie à l’étranger comme le disent avec force plus d’un jeune sur trois sondés (37%).

Une contradiction soulevée dans leur projection: si le Maroc rayonne en 2030, ça ne va pas du tout à l’international. Or les interdépendances des grands ensembles régionaux sont très fortes, globalisation oblige. Les projections sont plutôt pessimistes sur la stabilité et la paix dans le monde. «Ceci serait le reflet des évènements qui agitent les différentes régions du monde et qui semblent affecter fortement leur vécu», explique le Haut-commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami. Une vision de cocon où l’on sera bien chez soi mais mal ailleurs, et pourtant 37% veulent partir.

Le HCP a demandé aux jeunes de dire ce qu’ils liront en Une des journaux de 2030 (qui seront presque tous sur Internet). Ils s’intéressent d’abord aux questions sociales (30%), «avec une forte prédominance des questions liées au développement humain». Ensuite viennent les questions de politique qui sont le souci de 23,5% des sondés, «avec une prédominance des questions liées à l’intégrité territoriale (9,4%)(2) et aux relations avec l’environnement régional et international». Les jeunes, s’ils ne sont pas engagés dans la vie politique, dans leur grande majorité, ce qui est d’ailleurs confirmé par l’enquête sur les jeunes réalisée par L’Economiste début 2006 (cf. notre document), ils ne s’intéressent pas moins au fait politique. En troisième position, vient l’intérêt pour l’économie (18% des sondés). Sciences et technologies? Très peu pour eux: seulement 13% s’imaginent ce domaine comme une «réalité nationale» forte en 2030. Le sport a été cité par 10% des bacheliers.


(1) Dans le cadre des travaux de prospectives largement présentés dans nos colonnes. Le HCP a présenté les résultats le 18 juillet à Rabat.
(2) Ndlr: ce résultat est proche du seuil de signification de l’enquête qui est de 7%, l’interprétation est donc à prendre avec beaucoup de précautions


Mouna Kadiri
Source: L'Economiste

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