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Migration et développement local : Réduire le flux migratoire par les investissements

Encourager les immigrés marocains à investir dans leurs régions d’origine contribuera à leur développement. Et les flux migratoires vers l’étranger seront par conséquent réduits. C’est l’une des conclusions auxquelles les participants au 1er Forum national sur la migration et le développement sont arrivés.

Le forum organisé, la semaine dernière par la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE), en collaboration avec l’Université Hassan Ier de Settat, a permis de mettre en évidence l’importance des transferts de fonds effectués par les immigrés. Ils se sont élevés, en 2005, à 40,5 milliards de DH. Si ces capitaux sont injectés comme il se doit dans des investissements productifs, ils peuvent, à n’en point douter, favoriser le développement local. La création de projets permettra alors de réduire les flux migratoires vers l’étranger.

Selon des intervenants, de nombreux immigrés sont originaires de régions dont le niveau de développement reste en deçà de la moyenne nationale. Un niveau jugé comme étant la principale raison motivant la décision de partir, d’immigrer, surtout chez les jeunes. La recherche de meilleures conditions de vie devient alors un objectif à atteindre coûte que coûte. Certains jeunes de régions défavorisées n’hésitent d’ailleurs pas à risquer leurs vies dans ce but. Or, si des opportunités de travail leur étaient offertes, ils y réfléchiront à deux fois avant de tenter l’aventure.

C’est pourquoi, les intervenants ont estimé qu’il était nécessaire de définir des mesures concrètes et immédiatement applicables pour encourager les MRE à investir dans les régions dont ils sont originaires afin de leur permettre de contribuer à leur développement. Favoriser donc la croissance de certains secteurs productifs par des projets d’investissement sera profitable à la région, notamment en ce qui concerne la deuxième génération, dont la plupart sont titulaires de diplômes d’études supérieures.

Dans une brillante intervention, Abdeslam El Ftouh, directeur du pôle Promotion économique de la Fondation Hassan II pour les MRE, a expliqué comment la mobilisation de l’investissement du migrant au niveau de sa région reste un moyen efficace pour maîtriser les flux migratoires. Il a aussi rappelé que les transferts des MRE représentent le quart des dépôts bancaires (81,8 milliards de DH en 2004), qu’ils sont la première source en devises et aussi la première source de financement des investissements privés. Tout ceci, ajoute El Ftouh, se traduit par un soulagement du marché de l’emploi, une réduction de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté et aussi par une mobilisation des ONG pour la solidarité avec les régions pauvres.

Cependant, le plus gros des investissements des MRE va vers l’immobilier et le foncier. En effet, ce secteur accapare 72% de l’ensemble des investissements, contre 20% dans les services et seulement 8% dans les secteurs d’activité productifs. Il est donc plus que nécessaire de penser à un processus d’impact évolutif dans l’espace et le temps, avance El Ftouh. Un processus qui, en milieu urbain, cherchera plutôt à développer des activités dans le bâtiment, le commerce et la PMI. En revanche, ce qu’il en est attendu en milieu rural, c’est de pousser la mécanisation de l’agriculture, d’introduire de nouvelles cultures, des techniques d’économie de l’eau… La première génération d’immigrés a investi dans l’habitat et le logement. La deuxième doit, quant à elle, s’orienter vers des formes évoluées d’investissement.

On a aussi considéré lors de ce forum que «la concentration des immigrés marocains en quelques Etats européens offre l’opportunité d’établir des relations de partenariat entre ces Etats et les régions dont ils sont issus. L’exemple cité, dans ce cas, est celui du partenariat établi entre la région de Chaouia Ouardigha et la région piémontaise en Italie. Dans le cadre de ce partenariat, d’importants projets financés par le gouvernement italien et quelques associations ont été réalisés.

Jamal Eddine HERRADI
Source : L'Economiste

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