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Des arganiers à moins de 40 km de Rabat

Nul voyageur amoureux de la nature, qui emprunte la route reliant Benslimane à Mohammedia, ne peut passer sans remarquer, non loin du pont suspendu sur l'Oued Cherrate, des arganiers exhibant leurs fruits en cette période de printemps, comme une invite à marquer une pause et à s'interroger sur leur présence à cet endroit où l'on s'y attend le moins.

Pleins de vigueur, ces arganiers, qui couvrent actuellementquelque quatre hectares, ont été introduits au début des années 30 au moment du lancement des travaux de reboisement des rives de l'Oued Cherrate, à 38 km au Sud de Rabat.

Les graines qui leur ont donné naissance proviennent de la région d'Essaouira. Elles ont été plantées en 1933 après avoir été élevées dans une pépinière locale pendant une année.

Au moment de leur plantation, les jeunes pousses n'ont reçu aucun soin particulier, question de voir comment elles vont se débrouiller pour s'adapter.

Elles ont pris le temps de grandir pour commencer à fructifier en 1947, c'est-à-dire deux ans avant la transformation de l'ensemble de ce périmètre, d'un peu plus de 172 ha, en un arboretum destiné à l'étude des principales espèces provenant des quatre coins du monde, notamment l'eucalyptus, l'acacia et le caroubier, susceptibles de s'acclimater dans les étages bioclimatiques arides et semi arides du Royaume.

Outre ces introductions, le site compte une multitude d'espèces appartenantà la végétation autochtone spontanée, comme l'oléastre, le tizra (sumac) et le laurier d'Alexandrie.

Renfermant actuellement 166 espèces répertoriées, ce périmètre qui a le mérite d'avoir constitué l'une des bases de départ de l'essor des reboisements au Maroc, joue le rôle de conservatoire de gènes d'importance nationale et internationale.

Aujourd'hui, "l'arboretum est en voie de dégradation par l'action conjuguée de plusieurs facteurs dont on peut citer essentiellement le facteur socio-économique et les effets négatifs de la succession des années de sécheresse", peut-on lire dans le préambule de l'étude d'aménagement de ce périmètre, réalisée en 2000 par le département des Eaux et Forêts.

L'étude relève en outre que "les espèces introduites ont atteint l'âge d'exploitabilité physique (vieillissement) et que l'arboretum reste très convoité par les riverains", sans toutefois préciser de quel genre de convoitise il s'agit.

L'étude qui se fixe pour principal objectif la conservation de la biodiversité, recommande notamment la mise en place d'une clôture de protection, la réfection des pistes existantes, ainsi que l'installation d'une tour de guet, d'une station météorologique automatique et de panneaux d'information à l'entrée des sentiers et au niveau de chaque strate ou carreau de l'arboretum. En attendant l'activation de ces recommandations, cette aire continue d'êtreviolée par les riverains qui, par ignorance, ne se soucient guère de son importance.

Interrogés par la MAP sur l'intérêt que représente pour eux la présence de l'arganier dans les parages, certains d'entre eux déclarent avoir appris par ouï-dire que cette espèce est réputée pour son excellent charbon. Pour d'autres, ses fruits, dont le ramassage est toléré, donnent vigueur et santé aux chèvres. Quant à l'extraction d'huile, tous s'accordent à dire qu'ils n'en ont aucune idée. Comme quoi des actions de sensibilisation s'imposent pour que cet espace connaisse des jours meilleurs et soit apprécié à sa juste valeur.

Source : MAP

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