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Communiqué "Le Journal Hebdomadaire"

Quand l’Etat Marocain appelle à la haine pour faire taire un journal indépendant

Dans son édition du 11/2/2006 (n°242), « Le Journal Hebdomadaire », a publié une photographie de l’AFP (7cmx4cm) montrant un lecteur de « France Soir » tenant à la main l’édition reproduisant les 12 caricatures danoises. Cette photographie a servi d’illustration à la chronologie des événements dans le cadre d’un grand dossier de 10 pages titré « Le Prophète Mohammed : le symbole, les passions » dans lequel la parole est donnée à d’éminents spécialistes de l’Islam politique et de l’imagerie religieuse (Jean François Clément, Bruno Etienne, Olivier Roy, Youssef Seddik etc…). Malgré le fait que les caricatures figurant sur cette image réduite étaient quasiment illisibles à l’œil nu (chaque dessin ne mesurant pas plus de 3mm de côtés), la direction du « Journal Hebdomadaire » a décidé après impression du magazine et dans un souci d’éviter toute tentative d’instrumentalisation et de récupération du « Journal Hebdomadaire » de faire oblitérer à l’encre indélébile la reproduction des caricatures avant la diffusion du magazine dans les kiosques.

Le 13/2/2006, les chaînes de télévision 2M et TVM (publiques) ont diffusé lors de leurs JT du soir un reportage sur une "manifestation" devant le Parlement à Rabat contre "la publication par « Le Journal Hebdomadaire » de caricatures du prophète". Les "manifestants" qui scandaient des slogans hostiles au « Journal Hebdomadaire », tous filmés en plan serré, n'ont pas été identifiés dans le reportage alors qu’aucune ONG, aucun parti, association, membres connus de la société civile etc... n'ont officiellement appelé à la "manifestation". Les deux chaînes de télévision n’ont à aucun moment sollicité « Le Journal Hebdomadaire » pour recueillir sa version des faits ou sa réaction alors que nous venions d’être jugés et condamnés par ces télévisions d’Etat pour crime de blasphème.

Le commentateur de 2M qui a abondamment cité « Le Journal Hebdomadaire » a notamment déclaré (en substance) que « ce journal est connu pour heurter l'opinion publique par ses positions contraires aux valeurs sacrées de notre pays ». Il a aussi affirmé que « Le Journal a tenté de faire annuler la manifestation », alors qu’aucun journaliste de la rédaction n’était au fait de la « tenue » d’un tel événement.

Nous considérons» qu'il s'agit d'une incitation à la haine ayant pour objectif de désinformer l'opinion publique et de jeter « Le Journal Hebdomadaire » en pâture à la vindicte populaire dans un contexte particulièrement explosif. De son côté et dans la même veine, le quotidien panarabe basé à Londres « Acharq Al Awsat » a publié dans son édition du 13/2/2006 (n°9939) un article sous le titre « Un magazine marocain insiste à publier des images intentatoires à l’Islam ». Cet article accuse aussi « Le Journal Hebdomadaire » de heurter les valeurs sacrées des marocains.

Le 14/2/2006, des éléments des GUS (police urbaine) et de la Police Nationale ont établi vers 9h du matin un cordon de sécurité face à l’entrée de l’immeuble qui abrite les locaux du « Journal Hebdomadaire » à Casablanca. Interrogés à ce sujet, les agents de la police nous ont déclaré que ce dispositif était mis en place en prévision d’une manifestation devant se dérouler le matin « à cause de la publication par « Le Journal Hebdomadaire » des caricatures du Prophète ».

Vers 10h du matin, plusieurs véhicules de la Commune Urbaine de Casablanca, sous tutelle du Ministère de l’Intérieur, (dont un Van de marque Hyundai immatriculé 131723 j) ont acheminé une centaine de personnes, hommes, femmes et enfants à qui on a distribué pancartes, drapeaux du Maroc et banderoles pour manifester. Ces personnes étaient encadrées par des agents d’autorité de la Préfecture et de la Commune de Casablanca. Les meneurs (dont la plupart sont des fonctionnaires de la Ville de Casablanca, munis de mégaphones ont harangué la foule scandant des slogans antisémites et extrémistes tels que « Tremblez, ô Juifs ! l’armée de Mohammed est de retour ! » ou encore « Par notre âme, par le sang, nous te vengerons ô Prophète ! ». Un véritable appel au meurtre et à la haine raciale.

Interrogé en aparté par des journalistes, un jeune meneur badgé a déclaré : « Je suis un militant associatif, la Commune nous a demandé de nous rendre ici pour manifester contre les mécréants qui ont sali l’image du Prophète ».

Plusieurs jeunes écoliers ont avoué aux journalistes présents avoir été « mobilisés au motif de manifester leur colère aux Danois ». L’un deux a déclaré : « on nous a dit qu’il s’agissait d’une représentation diplomatique danoise ».

Une vieille femme a déclaré : « La Commune nous a emmenés ici comme d’habitude parce qu’elle nous rétribue pour ce genre d’action. J’avoue ne pas savoir de quoi il s’agit au juste ».

D’autres manifestants, employés de la Commune, chargés de travaux d’entretien communaux, ont manifesté en bleu de travail.

Deux équipes de la télévision marocaine (TVM et 2M) ont été dépêchées sur les lieux de la manifestation. Une journaliste de 2M a tenté, avec l’aide de quelques manifestants, de faire lire face à la caméra, à une enfant âgée de moins d’une dizaine d’années, un « communiqué » aux relents haineux (les images de cette scène sont disponibles).

Cette équipe de télévision de 2M a ensuite exprimé le souhait d’interviewer Aboubakr Jamaï, le directeur de la publication du « Journal Hebdomadaire ». Considérant le comportement inacceptable de 2M dans cette affaire, « Le Journal Hebdomadaire » a posé comme condition de filmer l’entretien par ses propres moyens afin de prévenir toute manipulation ou déformation au montage des propos du directeur du « Journal Hebdomadaire » lors de leur diffusion à l’antenne. Après avoir consulté au téléphone la direction de la chaîne, l’équipe de télévision de 2M a finalement reçu l’ordre de ne pas mener l’interview.

Après deux heures de « manifestation » encadrée par les forces de l’ordre, la foule a été dispersée. Auparavant, et après un dernier appel au boycott du « Journal Hebdomadaire», les meneurs ont appelé à une prière devant la porte de l’immeuble abritant « Le Journal Hebdomadaire ».

Un des meneurs chargé de récupérer banderoles et pancartes a crié à la foule : « Soyez prêts pour d’autres actions devant l’imprimerie et la société de distribution de ce journal ! »

En début d’après-midi, l’agence de presse étatique MAP a contacté de nombreux chefs de partis politiques, membres de la société civile, représentants du tissu associatif et d’ONG locales pour les faire réagir à « la publication par « Le Journal Hebdomadaire » des caricatures du prophète ».En revanche, contactés par nos soins, les représentants des grands mouvements dits islamistes affirmeront qu’ils n’ont rien à voir avec ces manifestations. Mieux l’un des dirigeants du PJD, premier parti islamiste représenté au Parlement nous déclarera qu’il y a eu « une tentative de manipulation de militants de son parti, des textos leurs furent envoyés leurs demandant de participer aux manifestations contre « Le Journal Hebdomadaire ».

Il s’agit donc clairement d'une grossière manipulation orchestrée par l'Etat et ses médias.

Il est évident que l'Etat -via les médias qu'il contrôle- cherche par tous les moyens à, (comme il tente de le faire depuis quelques semaines notamment via la revue de presse de 2M), détruire l'image de notre publication voire inciter à la haine et à la violence. Rappelons que ceci se passe à la veille du verdict qui sera rendu par la justice le 16/2/2006 dans l'affaire qui l'oppose à l'ESISC, un centre bruxellois qui a requis contre « Le Journal Hebdomadaire » pas moins de 5 millions de dirhams (450 000 euros !). « Le Journal Hebdomadaire » avait critiqué son « étude » sur les séparatistes du Polisario, étude peu crédible manifestement calquée sur les thèses officielles de la diplomatie marocaine.

LA REDACTION

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Source : Communiqué de presse

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