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Moutons : Le Maroc accusé “d’exporter” sa fièvre catarrhale

Alors que les agapes de Aïd-El-Kébir battent leur plein au Maroc, les vétérinaires européens se disent quant à eux préoccupés par la progression de la fièvre catarrhale de mouton (FCM), qui s’est étendue ces dernières années à plusieurs pays du nord de la Méditerranée, notamment l’Espagne et le Portugal.

L’Espagne, qui soupçonne que les cas enregistrés dans le sud du pays auraient leur origine au Maroc, a demandé à l’Union européenne d’accorder à ce dossier la priorité maximale et d’apporter aux autorités marocaines tout l’appui technique et matériel nécessaire en vue d’éradiquer cette maladie animale. Appelée également «maladie de la langue bleue», cette épidémie occasionne notamment des restrictions commerciales dans les pays qui la subissent ainsi que des coûts qui sont supportés aussi bien par les administrations que par les producteurs du secteur. Une première discussion sur cette question pourrait avoir lieu déjà en avril prochain entre Bruxelles et Rabat dans le cadre du plan d’action de la politique de voisinage.

La fièvre catarrhale du mouton a été détectée depuis quelques années dans plusieurs pays de l’Europe du Sud tels que la France (Corse), l’Italie, la Grèce, l’Espagne et le Portugal. Elle est apparue dans la péninsule ibérique en 2004 et les autorités espagnoles se disent «quasi sûres» qu’elle provient d’Afrique du Nord et plus probablement du Maroc. Celles-ci estiment que les opérations de lutte contre cette maladie dans les pays du bassin méditerranéen et plus particulièrement au Maroc, doivent constituer la pièce maîtresse pour son contrôle et son éradication dans l’Union européenne. Comme on le sait, l’Espagne a pris les devants en lançant un programme de coopération avec le Maroc (financé par l’Agence espagnole de coopération internationale -AECI) en vue de développer des actions de veille épidémiologique dans les régions affectées au Maroc et dans certaines régions du sud et du centre de l’Espagne. Cela étant, l’Espagne considère toutefois que ce dossier, dû à son caractère frontalier marqué, ne peut être abordé sur le seul plan bilatéral et devrait être traité au niveau européen.

De source communautaire, on indique que «la participation de l’Europe à des mesures de contrôle des maladies animales dans les pays voisins comme le Maroc, devrait constituer la première ligne de protection dans la stratégie européenne pour prévenir l’introduction de maladies contagieuses». On précise également que le plan d’action Maroc/UE prévoit précisément une série de projets visant à traiter des questions vétérinaires en général et dans lesquelles pourrait s’insérer la lutte contre la fièvre catarrhale du mouton. Un premier «projet de jumelage» pourrait être proposé au printemps prochain et sa particularité sera de renforcer la surveillance épidémiologique et le contrôle de certaines maladies au Maroc comme la FCM. D’autres mesures telles qu’une assistance technique aux recherches de laboratoires, à la mise sur pied d’un réseau épidémiologique ainsi que des échanges de bonnes pratiques en matière vétérinaire pourraient également être proposés.

Les dernières alertes à la fièvre catarrhale de mouton au Maroc ont été signalées à la fin de 2004 et ont concerné notamment les provinces de Khémisset, Khouribga, Sidi Kacem et Taounate. Les principales mesures prises par les autorités compétentes ont été la mise en interdit des exploitations atteintes, le déparasitage externe des troupeaux atteints, le renforcement de l’épidémiosurveillance de la maladie au niveau national, la sensibilisation des autorités locales et des éleveurs ainsi que le contrôle des déplacements à l’intérieur du pays.



Le mouton européen plus vulnérable


La fièvre catarrhale, également appelée «Bluetongue» (maladie de la langue bleue), est une maladie virale, transmise par des moustiques qui contaminent les animaux en les piquant.
Elle affecte les ruminants et se manifeste chez les ovins principalement par différents symptômes: fièvre, boiteries, oedèmes, cyanose des muqueuses, amaigrissement pouvant conduire à la mort des animaux au bout d’une dizaine de jours (jusqu’à 40% dans les cheptels non vaccinés) ou à une guérison lente avec d’importantes pertes économiques. Les moutons de race européenne se révélant plus sensibles que les moutons d’origine africaine, dans la mesure où ces derniers connaissent déjà cette maladie et sont de ce fait «génétiquement préparés» à la recevoir. La diffusion de la maladie est maximale en période de fortes pluies et de chaleur, favorisant la multiplication du vecteur (au printemps et en automne). Cette maladie est inscrite sur la liste A des maladies épizootiques de l’Office international des épizooties (OIE) et doit donc être obligatoirement déclarée dans la mesure où elle est susceptible de s’étendre au-delà des frontières nationales et d’avoir des conséquences socioéconomiques ou sanitaires graves. Elle sévit de façon classique dans les régions subtropicales ou du sud méditerranéen, du fait de la biologie de son vecteur, mais elle a commencé à gagner le sud de l’Europe à partir de 1998. Ce qui a amené l’Union à adopter une directive en novembre 2000, prévoyant des mesures de lutte et d’éradication de la fièvre catarrhale du mouton.

Aziz BEN MARZOUQ
Source : L'Economiste

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