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Traditions ramadanesques : Ouazzane, le mois des retrouvailles

Dans les ruelles de la ville, l’odeur de la harira au coucher du soleil et du b’khour pendant la soirée envahissent l’atmosphère tout au long du mois sacré.

Le mois de Ramadan a des particularités à Ouazzane. La ville est en pleine effervescence, surtout pendant les huit derniers jours du mois sacré. Des spécificités au niveau des mœurs et des traditions qui accompagnent ce mois sacré, mais aussi au niveau des habitudes culinaires. La gastronomie ouazzanie dévoile une histoire très ancienne cultivée par la richesse de la terre et le brassage des cultures. Elle est connue par ses oliviers et son huile d’olive qui n’a pas de semblable dans tout le Royaume. Des semaines avant le mois de Ramadan, les femmes consacrent leur temps à préparer des chhiwate et des plats qui vont décorer les tables durant ce mois.

Dès que le muezzin appelle à la prière d’Al Maghrib, les membres de la famille se mettent à table. Nombreux sont ceux qui commencent le repas avec un grand bol de harira, avec des dattes et de la chebbakia, avant de passer au m’ssemen et beghrir. L’harcha figure aussi parmi les chhiwates, accompagnant des plats d’olives avec des épices et lahrissa aux herbes. Les olives serviront aussi à préparer des chermoula spécifiques à cette région.

Ensuite, on sert du jus de fruit. Après une mini-sieste, voici venu le moment de prendre du thé ou du café au lait que l’on présente avec des briwates, sellou ou sfouf, m’hancha, cornes de gazelle, chebbakia et ghraïba.

Après ce repas copieux, place à la spiritualité. Hommes et femmes se dirigent vers la plus proche mosquée pour la prière d’Al Ichaâ et les Tarawihs.

La convivialité et la spiritualité apaisent la fraîcheur des nuits de la ville. L’accomplissement du devoir vis-à-vis de Dieu est la partie la plus importante dans la tradition des habitants de Ouazzane.
Après la prière, tout le monde se donne rendez-vous à 22h30 ou 23h pour un dîner en famille. Un tagine de viande et de courgettes ou un tagine de poulet au citron, ou bien un couscous préparé sous les directives de la grand-mère. Ouazzane est connue pour son couscous spécial aux poissons frais ou aux légumes avec du poulet ou de la viande.

Pourquoi ne pas faire une balade, à présent ? Une soirée avec les amis ou en famille. On rend visite aux voisins ou aux proches. Le renforcement des liens de famille se fait d’une manière intense durant le mois sacré. C’est l’occasion aussi d’oublier les malentendus et de commencer à tisser des relations plus solides. Le shour, le dernier repas de la soirée, ne prend pas beaucoup de temps. Il se compose essentiellement d’huile d’olive, de lait, de flan, de dattes, m’ssemen et l’harcha. Autre habitude qui distingue ouzzane des autres villes : tous les vendredis, la famille se regroupe chez les grands-parents dans ce qu’on appelle Dar l’kbira. Chaque famille prépare son ftour et son dîner et se dirige à «la grande maison» vers 16h30 où ils passent la soirée ensemble. Ils ne quittent la maison parentale que tard dans la nuit. Enfin à l’approche d’Aïd El Fitr, on prend le temps d’acheter de nouveaux vêtements pour les enfants. Ces derniers auront même droit d’aller chez le coiffeur, tout spécialement les filles, qui seront maquillées pour avoir l’air de «jeunes mariées». Elles seront portées aussi sur une amaria vers le boulevard principal, dans un spectacle de musique locale de «Dakka el Ouazzania» ou ce qu’on appelle «Ahl Touat».

Bachir Hajjaj
Source: Aujourd'hui Le Maroc

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