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La conférence de Rabat, miroir des dissensions Afrique-Europe

Microcrédit, échanges universitaires, transfert de fonds détaxés... Des idées ont fusé en pagaille tout au long des deux jours de débat qui ont réuni à Rabat,

Au Maroc, une cinquantaine de pays d'Afrique et d'Europe autour du thème de l'immigration.

Mais le dynamisme des débats n'a pas réussi à masquer les dissensions profondes qui divisent les deux continents sur les procédures à mettre en oeuvre pour le rapatriement des clandestins.

"L'Europe ne semble pas avoir vraiment changé de voie et reste toujours obsédée par son combat contre l'immigration illégale", note Mohamed Khachani, directeur d'un centre de recherche marocain sur l'immigration.

"Nous attendions un dialogue franc et sincère qui aille au coeur des problèmes, mais visiblement ce n'est pas ce qui s'est passé."

L'Europe a défendu l'immigration légale, et vanté les mérites du microcrédit permettant de créer de nouveaux emplois sur place et de développer des centres médicaux de qualité afin d'endiguer l'exode massif des médecins africains.

Mais pas un délégué n'a évoqué les problèmes de gaspillage et de corruption qui empêchent l'Afrique de développer ses infrastructures et son économie au rythme de la croissance rapide de sa population.

"L'Europe a un rôle essentiel à jouer quand on parle de mauvaise gouvernance car l'Union européenne soutient souvent ces gouvernements", estime Khachani.

Selon cet analyste, bien peu a été fait pendant ces deux jours pour tâcher de soulager la souffrance des milliers d'Africains déterminés à braver tous les dangers dans l'espoir d'une vie meilleure en Europe.

PLAN MARSHALL

La conférence de Rabat pourrait rester dans les annales comme une occasion manquée, estiment des experts.

Si l'Europe continue par exemple de promettre au Maroc 70 millions d'euros destinés à lutter contre l'immigration illégale, aucune extension de l'aide au développement vers l'Afrique n'a en revanche été annoncée.

De son côté, le ministre malien représentant les ressortissants à l'étranger, Oumar Hamadoun Dico, affirme que l'Afrique ne peut se contenter de microcrédits.

"Nous avons besoin de trouver des solutions aux problèmes de chômage, surtout pour les jeunes", a-t-il estimé. "Nous avons besoin d'un Plan Marshall pour l'Afrique et non d'une aide qui vienne au coup par coup."

L'harmonie diplomatique qui a régné sur toute la conférence a parfois été rompue par des manifestations d'exaspération des uns et des autres.

Le président du gouvernement régional des Iles Canaries a ainsi reproché au Sénégal de ne pas avoir suffisamment investi dans des patrouilles maritimes pour empêcher les immigrants illégaux d'atteindre les îles espagnoles.

Plus tard, le secrétaire d'Etat tunisien pour les Affaires européennes, Hatem Ben Salem, s'est plaint que l'UE exige de son pays qu'il raccompagne les immigrants non-Tunisiens traversant son territoire pour aller en Europe.

"Vous ne pouvez pas demander aux pays du Maghreb de s'occuper des problèmes des pays européens", a-t-il déclaré.

Source: Reuters

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