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Le PJD divisé sur la participation au gouvernement

Ces derniers jours, les cadors du PJD cherchent à se démarquer. Le but : imposer leurs choix. Deux courants s'affrontent : ceux qui préconisent la participation au prochain gouvernement et ceux qui la rejettent.

Mustapha Ramid monte au créneau. Le député de Derb Soltane a orchestré deux sorties médiatiques très remarquées. La première, dans les colonnes du quotidien arabophone "Acharq Al Awsat" où il a ouvertement attaqué le secrétaire général du parti, Saâdeddine Othmani. Ses cibles? La dernière visite du chef du parti aux Etats-Unis et la ligne politique du parti. Mais quelques jours plus tard, Ramid se ravise et temporise. Invité par la chaîne qatarie "Al Jazira", il rectifie le tir et défend le bilan du parti sans pour autant cautionner la visite d'Othmani aux Etats-Unis. Le président de la Commission de la justice au Parlement cherche, visiblement, à se positionner. Tout en rejetant tout contact avec l'administration Bush, il ménage le secrétaire général à des fins très précises. L'enjeu majeur aujourd'hui au PJD reste la participation au prochain gouvernement. A un an et demi des élections législatives, le secrétariat général du PJD a commencé à soulever cette question. Le dernier sondage de l'IRI, publié dans les colonnes du "Journal Hebdomadaire" et qui donne le PJD comme la première force politique du pays avec 47 % d'intentions de vote, a précipité le débat. Même si Ramid ne participe toujours pas à la réunion hebdomadaire du secrétariat général du parti, il véhicule ses idées lors des réunions du groupe parlementaire. Si une dizaine de membres du secrétariat général ne rejettent pas l'idée d'une participation, Mustapha Ramid la conditionne par une réforme constitutionnelle profonde. Lors de son passage sur les ondes d'Al Jazira, il l'a bien exprimé. « Le Roi doit avoir un rôle d'arbitre ». En aparté, Ramid explique que le parti ne pourra pas appliquer son programme puisque le souverain et son entourage contrôlent les rouages du pouvoir. Une approche que partagent Reda Benkhaldoune, membre du secrétariat général et Abdelali Hamiddine, membre influent du conseil national. Ces deux hauts cadres du parti soutiennent ouvertement Ramid. De plus, le député de Tanger est très apprécié et M. Boulif, appuie ce "courant". Au sein même du secrétariat général les avis diffèrent.

Daoudi flou
Le président du groupe Abdellah Baha rejette, pour l'instant, une participation au prochain gouvernement. D'autres, comme Lahsen Daoudi, laissent la porte ouverte. Ils ne rejettent pas catégoriquement cette rentrée mais préfèrent attendre le moment opportun pour se positionner. « Cela dépendra de la carte politique issue des élections de 2007 », lâche l'un d'entre eux. Quant à ceux qui se disent pour la participation en 2007, à titre d'exemple Abelkader Amara, Rebah, Jemaâ Moaâtassim et Yatim et même Benkirane, expliquent cette approche en mettant en avant l'intérêt général du pays. « Si nous gagnons ces élections, il faut participer pour accélérer la démocratisation du pays. Même s'il y aura des difficultés, nous pourrons imposer notre point de vue. L'essentiel est que nous puissions appliquer notre programme ». Reste le clan des indécis dont Choubani et Saâdeddine Othmani. Ce dernier préfère rester neutre et attendre le dernier moment pour trancher. « On ne peut pas s'avancer maintenant mais il faut se rappeler ce qui s'est passé en 1997 et en 2002. Nous pensons que le nombre de nos députés a été revu à la baisse : en 2002, 42 au lieu de 65. Je crois qu'il faut temporiser et attendre », explique un haut cadre du parti. Quelle que soit l'attitude de chaque clan, c'est le Conseil national qui tranchera, le statut interne du parti le mentionne clairement. D'où l'inquiétude des partisans de la participation. Ils savent pertinemment que Ramid peut "manœuvrer" pour gagner cette bataille. Une tactique qu'il a déjà utilisée lors de l'élection du président du groupe parlementaire en 2004. Confortés dans leur avance avec les résultats du sondage de l'institut américain, les 260 votants du conseil national peuvent privilégier la "virginité" politique du parti et attendre une prochaine échéance avant de se jeter dans les arcanes du Pouvoir. Avec un grand nombre de députés, même à l'opposition, le PJD peut gagner davantage de crédit, d'autant qu'il aura les moyens d'user des mécanismes parlementaires pour se faire entendre. L'Istqilal, l'USFP et même le RNI le savent. Si les dirigeants du PJD sont toujours divisés concernant la participation gouvernementale, ils se sont cependant mis d'accord sur plusieurs points. D'abord, le mode de scrutin. Le parti islamiste est pour un mode de scrutin de liste avec la proportionnelle. Ensuite, il veut instaurer la barre des 7 % qui évitera la balkanisation du champ politique. Le débat ne fait que commencer au sein du PJD et les jours à venir seront déterminants pour chaque clan. Ainsi va le PJD !

Mouaad Rhandi
Source: Le Journal Hebdo

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