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Le Maroc met en garde contre les infiltrations du Sahel

Le Sahel risque de devenir un lieu de transit pour des activistes islamistes se réclamant d'Al Qaïda, cherchant à s'infiltrer au Maghreb et en Europe pour y commettre des attentats suicide, prévient le ministre marocain de l'Intérieur, Chakib Benmoussa.

"Tous les participants (à la guerre contre le terrorisme) en Europe et au Maghreb sont conscients qu'il s'agit d'une région qui mérite davantage d'attention (...) Nous devons être extrêmement vigilants", a dit le ministre dans une interview accordée samedi soir à Reuters, à l'approche du troisième anniversaire des sanglants attentats de Casablanca, qui ont fait 45 morts, le 16 mai 2003.

Cette région, qui s'étend de la Mauritanie au Tchad, en passant par le nord du Mali et du Niger, est parcourue par des bandits, des contrebandiers et des immigrants clandestins.
Elle pourrait être utilisée par des activistes pour faire passer des kamikazes et des armes en Europe et au Maghreb, a déclaré Benmoussa.
Des responsables de la sécurité disent soupçonner aussi la région d'abriter des camps d'entraînement improvisés.

Le ministre a invité les riverains de la Méditerranée à une coopération accrue pour écarter cette perspective, une réunion de responsables de la sécurité de ces pays est d'ailleurs prévue cette année.
"Nous sommes tous du même côté de la lutte contre le terrorisme. Pour le Maroc, la Mauritanie, la Tunisie (...), la France, l'Italie, l'Espagne et d'autres, il s'agit d'une guerre commune contre les réseaux terroristes qui se nourrissent les uns les autres", a-t-il souligné.

CELLULES DEMANTELEES

Des responsables de la sécurité ont indiqué que la police marocaine avait arrêté en avril cinq membres présumés d'Al Qaïda appartenant à des cellules françaises et italiennes qui préparaient des attentats en France et en Italie.
L'un des hommes arrêtés s'était rendu en Algérie pour rencontrer un contact du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC, lia à al Qaïda), afin de discuter des attentats projetés, dit-on de même source.

Le GSPC, groupe rebelle algérien, est à l'origine de l'enlèvement de 32 touristes européens en 2003 au Sahara et de l'attaque d'une base militaire en Mauritanie, en 2005.
Sur le plan intérieur, le ministre a annoncé que les forces de l'ordre marocaines avaient démantelé une cinquantaine de cellules terroristes, fortes de plus de 2.000 membres, depuis les attentats suicide de Casablanca.
"La population soutient le gouvernement et les services de sécurité dans la lutte contre le terrorisme", a souligné Chakib Benmoussa pour expliquer ce résultat.
"La population rejette le terrorisme et l'extrémisme et il s'agit de l'avantage le plus décisif dans la lutte contre le terrorisme", a-t-il insisté, soulignant également l'importance du combat économique et social engagé pour en éradiquer les causes profondes.

Le gouvernement a ainsi l'intention de créer 30.000 petites entreprises et d'améliorer la formation pour réduire le chômage.
A la veille du troisième anniversaire des attentats de Casablanca, l'agence marocaine MAP souligne la nécessité de ne pas oublier.
"Le terrorisme continue de saigner le monde. La société et les autorités doivent rester vigilantes pour empêcher la jeunesse d'être attirée dans le piège des extrémistes islamistes", a déclaré le ministre Mohand Laenser, chef du Parti du mouvement populaire (centre-droit).

"RENFORCEMENT DES COURANTS ISLAMISTES DOMINANTS"

Des groupes laïcs vont plus loin en reprochant à des hommes politiques et à des intellectuels islamistes d'avoir influencé des jeunes gens, comme les 13 kamikazes de Casablanca.
Cinq organisations laïques ont ainsi appelé leurs partisans à un rassemblement mardi, en disant que la bataille d'idées doit se poursuivre pour défaire les islamistes.
Les cinq organisations pensent que la guerre culturelle est l'un des moyens de combattre le terrorisme, ajoutent-elles dans un communiqué.
De son côté, le politologue Mohamed Darif s'attend à tout moment à d'autres attentats parce que, a-t-il dit à Reuters, le Maroc vit toujours dans des circonstances similaires à celles qui prévalaient avant les attentats du 16 mai.

"La plupart des analystes et des observateurs s'attendaient à ce que le Maroc soit la cible d'attentats avant les événements du 16 mai parce que Rabat faisait partie des alliés sûrs des Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme et à cause de sa répression des salafistes", a-t-il dit.
"La situation est la même aujourd'hui. Je crois que le Maroc vivra d'autres attentats du 16 mai".
Darif estime que les perdants de la lutte contre le terrorisme sont les Salafistes mais pas les groupes islamistes dominants.
"La majorité de la société marocaine soutient les courants islamistes dominants. Ces courants se renforcent tandis que les extrémistes salafistes sont de plus en plus marginalisés", a-t-il dit.
Selon un sondage de l'International Republican Institute, basé aux Etats-Unis, le Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste), qui est actuellement le troisième groupe au parlement, devrait devenir le premier groupe politique à l'issue des élections législatives de 2007.

Source : Reuters

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