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Madrid veut gérer les flux migratoires avec Rabat

Nul président de gouvernement espagnol ne s'y était rendu, dans l'exercice de ses fonctions, depuis Adolfo Suarez, en 1980. Le déplacement dans les deux enclaves espagnoles en terre marocaine de José Luis Rodriguez Zapatero, commencé mardi 31 janvier à Melilla, requérait donc un certain doigté dans la mesure où, depuis son indépendance, le Maroc revendique sa souveraineté sur Ceuta et Melilla, placées sous l'autorité de la couronne d'Espagne depuis le XVIIe, pour l'une, et le XVe siècle, pour l'autre. Le roi d'Espagne Juan Carlos ne s'y est jamais rendu.


Attentif à ne pas ruiner les efforts continus pour améliorer les relations entre les deux pays, amorcés dès son entrée en fonction, en mars 2004, M. Zapatero a évité les proclamations en grande pompe sur "l'hispanité" de Ceuta et Melilla, que l'opposition de droite lui enjoignait de faire.

De son côté, Rabat n'a pas forcé le ton pour condamner le déplacement. "C'est une visite que nous considérons inopportune (...) Nous ne pouvons que la déplorer", a déclaré, mardi, le porte-parole du gouvernement, Nabil Benabdellah, avant de revendiquer la "marocanité" des deux villes. Interrogé par l'Associated Press, le responsable a ajouté que la visite de M. Zapatero ne "devrait pas porter préjudice" aux "excellentes relations" qu'entretiennent actuellement les deux pays. Ces relations étaient devenues très mauvaises à la fin du second mandat de José Maria Aznar.

Les ambassadeurs des deux pays ont même été rappelés, d'avril 2001 à janvier 2003. La crise a connu son paroxysme en juillet 2002, lors de l'occupation, par des gendarmes marocains, de l'îlot Persil, un rocher inhabité situé à 200 mètres des côtes marocaines, non loin de Ceuta. Le président du gouvernement espagnol avait annoncé sa venue peu après que des groupes nombreux de candidats africains à l'immigration eurent tenté de franchir les clôtures qui entourent Ceuta et Melilla, en août et septembre 2005, au prix de la vie d'au moins onze d'entre eux. M. Zapatero s'est efforcé de rassurer les habitants de Melilla sur leur avenir en leur annonçant plusieurs financements de l'Etat, notamment pour la construction d'un nouvel hôpital, d'écoles et l'amélioration des liaisons maritimes entre l'enclave et les côtes européennes.

Le chef du gouvernement espagnol s'est aussi rendu dans le centre d'accueil temporaire des immigrants de la ville, qui compte 800 hôtes pour 480 places, selon la Croix-Rouge. C'est à propos de l'immigration que M. Zapatero a fait sa seule allusion au Maroc de la journée, en affirmant que l'axe de sa politique serait "toujours", en la matière, "la collaboration avec le reste de l'Europe et avec les pays voisins".

Cécile Chambraud
Source: Le Monde

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