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IER: Les services de sécurité officiellement mis en cause

CHANGEMENT de ton dans le discours de L’IER qui accuse aujourd’hui officiellement les services de sécurité dans les graves violations des droits de l’Homme commises au Maroc entre 1956 et 1999. Selon le rapport final de L’Instance, qui a été remis au Souverain et dont une partie a été rendue publique il y a quelques semaines, les investigations menées auprès de différentes sources ont permis d’établir la responsabilité de différents services de sécurité. L’IER a pu établir que, dans de nombreux cas, il y a eu responsabilité collective, voire solidaire, entre différents services de sécurité, ajoute le rapport.

Ces «graves violations des droits de l’Homme» se sont traduites, selon le rapport, essentiellement par des «atteintes au droit à la vie de nombreux citoyens, dont des enfants et personnes sans aucun rapport avec ces événements». Elles représentent «la conséquence du non-respect des engagements quant aux normes et principes internationaux des droits de l’homme relatifs aux conditions et limites de l’usage de la force publique, ce qui a conduit à un recours disproportionné et excessif à la force ayant entraîné mort d’homme», est-il ajouté.

De plus, les conclusions de l’enquête ont précisé que «les autorités ont fait usage d’armes à feu à balles réelles dans plusieurs cas, évitant de recourir à des moyens permettant de disperser les manifestations sans faire de victimes».

Les différents témoignages font aussi ressortir que de nombreuses «victimes sont mortes d’impacts de balles dans le crâne, le thorax ou l’abdomen». Parmi ces dernières, de nombreux enfants dont certains étaient âgés de moins de 10 ans. Le rapport souligne que les services accusés «ont ouvert le feu à l’intérieur des maisons, à travers fenêtres et portes, touchant des personnes dont des enfants, des vieillards et des femmes, et certains ont été tués par balles». Des faits confirmés par témoignages devant l’Instance, ainsi que par les registres de décès faisant état d’enlèvements de corps à l’intérieur de maisons.

En retirant les corps des victimes de l’intérieur de leurs propres domiciles, les services d’intervention ont non seulement privé les familles des dépouilles, mais ils ont en plus tenu secret les lieux d’ensevelissement. Toujours selon le rapport, les autorités ont même refusé d’inscrire les morts dans les registres de décès des services compétents. L’IER a localisé de nombreux lieux d’enterrement des victimes des troubles sociaux, précisant que, bien que le rituel religieux ait été respecté dans les cimetières réglementaires, les ensevelissements ont eu lieu de nuit, pour la plupart des cas en l’absence des familles et sans les avertir. Toujours sur la même lancée, l’IER fustige les autorités «qui se sont abstenues d’apporter aide ou assistance à des blessés, dont des enfants tués». Tout comme elle dénonce l’absence du respect dû aux morts qui ont été entassés dans des camions, dans des conditions ne tenant aucun compte de leur dignité d’êtres humains.

Mais le pire, indique le rapport, c’est que les services de sécurité se sont abstenus d’aviser le Parquet du nombre et des causes des décès. Sans parler de l’absence de recours aux services médicaux pour les besoins d’autopsie. Le parquet n’a pas non plus ouvert d’enquêtes sur ces événements bien que ces derniers aient fait l’objet de communiqués officiels reconnaissant mort d’homme.

Source : Synthèse L’Economiste

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