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Le Maroc lève un coin du voile sur ses années noires

Créée en 2004 par Mohammed VI, l'Instance équité et réconciliation (IER) a remis un rapport sur les violations des droits de l'homme sous Hassan II.

LA COMMISSION d'enquête a remis mercredi au cabinet royal un volumineux rapport sur les violations des droits de l'homme dans le royaume de 1956 à 1999, date de l'arrivée au pouvoir de l'actuel souverain chérifien. Chargée de faire la lumière sur les épisodes les plus obscurs de l'histoire du pays depuis l'Indépendance, elle a entendu des milliers de témoins venus raconter des cas d'enlèvements, de disparitions, de détentions arbitraires et de tortures. Dans le même temps, quelque 30 000 dossiers de demande d'indemnisation ont été constitués.


Dans le document final qui devrait être rendu public le 10 décembre, l'IER présente plusieurs recommandations sur la question de la nature et du montant des réparations, et de la lutte contre l'impunité. La commission créée par le roi Mohammed VI n'avait pas en effet vocation à se constituer en tribunal pour juger les responsables présumés des différentes vagues de répression. Mais les témoignages recueillis peuvent servir de base pour d'éventuelles poursuites judiciaires. Car les victimes ont eu la possibilité de désigner leurs tortionnaires dans leurs dépositions confidentielles. Il n'était pas en revanche permis de mettre en cause nommément les auteurs d'abus lors des nombreuses auditions publiques diffusées à la télévision à des heures de grande écoute. Dirigée par Driss Benzekri, un ancien prisonnier politique détenu pendant dix-sept ans, l'IER compte dans ses rangs des militants des droits de l'homme tel Driss el-Yazami, le vice-président de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH). «Il était important de libérer la parole», commente l'avocat sénégalais Sidiki Kaba, président de la FIDH. «L'un des objectifs de l'implication de l'organisation dans l'IER était de permettre aux victimes d'identifier et de poursuivre les bourreaux. Nous voulions aussi nous porter sur des cas symboliques. On doit faire toute la lumière sur l'affaire Ben Barka qui n'est toujours pas élucidée», affirme-t-il. «La montagne accoucherait d'une souris si le rapport ne comportait pas la suppression de la peine de mort et la ratification du statut de Rome qui ferait du Maroc le 101e pays adhérent et le deuxième dans le monde arabe avec la Jordanie», ajoute Sidiki Kaba.

Source: Le Figaro

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