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Immigration : Dérive xénophobe?

L'annonce par Dominique de Villepin de la mise en place en France d'une politique d'"immigration choisie" suscite de nombreuses inquiétudes, notamment chez les défenseurs des droits de l'homme

En réponse aux émeutes dans les banlieues, le Premier ministre Dominique de Villepin a annoncé, hier, la mise en place en France d'une politique d'"immigration choisie", qui passe notamment par de nouvelles conditions au regroupement familial, la lutte contre les fraudes au mariage et la sélection des étudiants étrangers. Ces dispositions suscitent déjà les inquiétudes de SOS racisme, la Ligue des droits de l'homme, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) et France terre d'asile, entre autres organisations.

Si, à l'extrème droite, le président du Front national Jean-Marie Le Pen qualifie ces mesures de "dérisoires" et le président du Mouvement pour la France (MPF) Philippe de Villiers de "cosmétiques", le secrétaire national du PS aux questions de société Malek Boutih déplore une dérive gouvernementale, résultat d'une "sorte de surenchère" entre Nicolas Sarkozy, qui taxait, hier encore, l'immigration clandestine de "facteur de déstabilisation pour la société", et le Premier ministre. Interrogé par RTL sur la question, le représentant socialiste a estimé que "le gouvernement ne fait que déplacer le débat sur un terrain beaucoup plus fantasmagorique, pour ne plus parler du chômage et de la misère sociale". Pour lui, "le coeur du problème", c'est que "la politique d'immigration n'est pas organisée en France". "Aucun chef d'entreprise n'a jamais été mis en examen ou n'a fait de peine de prison pour avoir employé de la main-d'oeuvre clandestine", a-t-il souligné, estimant qu'il fallait "réconcilier la France avec les immigrés, mais aussi les immigrés avec la France".

Préfiguration de la prochaine campagne électorale
Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l'homme, s'est pour sa part déclaré "extrêmement préoccupé par ces mesures exclusivement sécuritaires et de plus en plus xénophobes qui, au-delà de l'affichage de mesures sur l'égalité des chances, constituent la seule réponse effective du gouvernement à la crise sociale des dernières semaines". "Désigner l'immigration, et notamment le regroupement familial, comme bouc émissaire, a-t-il ajouté, c'est préparer pour la présidentielle de 2007 un nouveau 21 avril 2002". De même, Bernadette Hetier, la présidente du Mrap, affirme qu'"une bonne partie du message lancé (...) est une préfiguration de la prochaine campagne électorale".

Les mesures préconisées par le Premier ministre "portent des relents de sanctions qui ont du mal à cacher la tentative toujours plus fréquente du gouvernement de stigmatiser les populations immigrées et leur faire porter le blâme de l'insécurité et des violences", estime encore Pierre Henry, directeur de France terre d'asile, qui a annoncé que son association saisirait le Conseil d'Etat dès la parution du décret. Le principal syndicat étudiant, l'Unef, a lui aussi condamné ces mesures "en contradiction avec les attentes des universités" et "en rupture avec la tradition d'accueil de la France qui n'a pas vocation à piller mais à former les meilleurs étudiants des pays en développement".

Source: L'Express

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