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L'IER ouvre le chantier de la réparation

L’instance équité et réconciliation (IER) élargit le débat sur la réparation. Le temps d’un forum national, organisé du 30 septembre au 2 octobre à Rabat, cette thématique a fait l’objet d’un dialogue à large échelle impliquant société civile et organisations des droits de l’homme, tant marocaines qu’étrangères.

L’événement s’est tenu à moins de huit semaines du terme de la mission de l’IER, prévu fin novembre. Le colloque a tracé les contours de la concrétisation de ce principe fondamental sur le terrain. Les travaux se sont déroulés en séances plénières et en ateliers. Les premières ont traité de la réparation dans son contexte international, mais aussi marocain. Les seconds ont été consacrés à des volets spécifiques tels que l’approche genre, la santé, le développement durable des régions touchées par les violations et la question de la mémoire et de l’Histoire.

L’approche de l’IER quant à ce dossier a été dévoilée. Pour l’Instance, «la réparation ne peut se limiter aux seules personnes». Elle doit également concerner les communautés et les régions.
Ainsi, la réparation va de l’indemnisation à la garantie de non-répétition des atteintes, en passant par la réintégration, la réhabilitation, la restitution et la préservation de la mémoire. L’objectif du forum a été dans ce sens «de passer du principe aux projets en identifiant les chantiers à mener, les partenaires institutionnels et associatifs et les moyens humains et matériels à mettre en place», a déclaré Driss El Yazami, membre de l’IER, lors d’une rencontre avec la presse en marge du colloque. Précisant qu’il s’agit d’un programme de longue haleine, celui qui occupe également le poste de secrétaire général de la Fédération international des droits de l’homme (FIDH-Paris), a affirmé que l’exécution des projets adoptés dans le cadre de la réparation collective obéira à un agenda précis.
De même, Yazami a précisé que «la réparation est indissociable de l’établissement de la vérité sur les violations», et partant, «de la reconnaissance par l’Etat de sa responsabilité». Abdellah Oualladi, président de l’OMDH, insiste sur ce point: «Les responsables des exactions passées doivent rendre des comptes, dans le respect de la loi et le droit de se défendre». Il revient également sur les multiples spécificités de l’expérience marocaine. Plusieurs victimes sont toujours en vie, et les traces des «années de plomb» sont encore présentes dans plus d’une région au Maroc. Elles sont en mesure de témoigner et de participer à établir la vérité sur les dépassements passés.

Autre particularité, la volonté collective de tourner la page. «Une telle volonté suppose un suivi dans l’exécution des projets et une écoute permanente de la part des autorités», plaide le responsable associatif. Mohamed Sebbar, président du Forum vérité et justice, appelle, pour sa part, à la création d’un fonds national pour financer cette opération et couvrir toutes ses facettes. Pour lui, «la réparation doit également être concentrée aux mains d’un seul organisme».

Tarik QATTAB
Source : L'Economiste

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