Menu

Une nouvelle constitution d’abord, les élections ensuite!

Pour sa neuvième édition, l’Université d’été de la jeunesse istiqlalienne a choisi de débattre de la réforme de la Constitution. Oublié l’UGTM, Abderrazak Afilal et la crise du parti! Pendant quatre jours (du 8 au 11 septembre), le thème de la constitution, que le parti nationaliste prend très au sérieux à la veille des élections législatives, a été examiné dans les détails.

D’ailleurs, le parti s’attend à une réforme imminente qui donnerait à la langue amazigh le statut de langue nationale (la langue officielle demeurant l’arabe).

Quand c’est l’Istiqlal panarabiste et fassi dans l’âme qui parle de l’amazigh, cela sonne fort. «Il n’y a rien d’étrange dans cette proposition. Elle ne date pas d’aujourd’hui. Nous l’avons formulée dans un ancien congrès de la Chabiba, tenu à Mohammédia», répond Abdellah El Bekkali, secrétaire général de la Chabiba, qui a plus de 40 ans.

La vision de l’Istiqlal est d’arriver à réactiver ce qui est politiquement appelé «Koutla démocratique» pour mener une réforme constitutionnelle en harmonie avec SM le Roi et entrer solidement dans l’arène des élections 2007. Ce n’est pas pour rien qu’Abbès El Fassi et Ismail El Alaoui du PPS aient présidé ensemble la séance d’ouverture de l’université. Istiqlal, PPS, qu’est-ce qui manque? L’USFP pardi!

Depuis l’expérience de l’alternance, le parti socialiste aime bien faire cavalier seul. En 2002, il avait décliné toute invitation au dialogue sur les alliances pré-électorales. Le résultat a été chaotique sur les grands partis. Malgré leurs bons scores au niveau des voix exprimées, ils ont perdu la bataille des grandes mairies. A Casablanca, le pauvre Alioua, qui s’est cru maire avant l’heure, a essuyé un échec cuisant face à Mohamed Sajid de l’Union constitutionnelle. Et à Rabat, c’est l’inamovible Omar El Bahraoui qui l’a remporté au milieu des vociférations de Nabil Benbdellah. Une séance qui restera dans les annales.

«Maintenant, ça suffit», répètent en chœur nationalistes et ex-communistes. Il faut ressouder les rangs de la famille, réparer ce qui a été cassé et réfléchir à un autre mode électoral qui permettra aux «rédacteurs du mémorandum de l’alternance» de recouvrer leur honneur bafoué.

«L’important, ce n’est pas de s’accorder sur un mode mais d’examiner les conséquences sur notre mouvement. On s’est bien accordé sur le système actuel, mais il a abouti à des résultats catastrophiques au niveau du contrôle des alliances», argumente Nabil Benabdellah, du bureau politique du PPS, dans une intervention sur le thème «le mode électoral à la veille de 2007». Alors, quel est l’alternative?


· Quel mode électoral?

Le majoritaire à un tour consacre l’individualisme politique. Et pour les deux tours, les résultats sont imprévisibles. «Car franchement, croyez-vous que ce citoyen qui en a marre des politiciens prendra la peine d’aller voter deux fois?», s’interroge le représentant du PPS devant un parterre d’une cinquantaine de jeunes istiqlaliens. «Pire, poursuit-il, croyez-vous que les partis eux-même sont assez disciplinés pour reporter leurs votes sur un seul parti au deuxième tour?»

Ce qui est proposé, c’est le système de liste sur une base qui soit entre la Région et la Province. Dans un système régional, tous les gros calibres d’un parti voudront être têtes de liste. Adieu les concessions et les alliances!

Mohamed El Ansari, conseiller istiqlalien, propose l’élargissement de la liste nationale. Cette liste a été conçue pour que les femmes puissent avoir 10% des sièges de la Chambre des représentants. Le conseiller istiqlalien ainsi que Benabdellah du PPS proposent de relever ce quota à 15%, non pas pour rajouter des femmes, mais pour y inclure des hommes! Le but est de propulser les sommités politiques qui n’ont pas de base électorale dans l’enceinte législative. Et ils sont nombreux (ceux qui se sont investis dans leurs fonctions ministérielles ou politiques et ont délaissé leurs communes). Même les hommes ont droit à la discrimination positive!

Toujours est-il, ces propositions demeurent personnelles. Car les partis de la Koutla n’ont tenu aucune réunion sur la question. De quoi faire trémousser un PJD studieux qui publiera prochainement un mémorandum sur les élections.

La base, en l’occurrence la jeunesse istiqlalienne, s’inquiète du retard pris dans l’élaboration d’une position commune et demande des garanties pour que «les fautes du passé ne se reproduisent plus». Bref, cette jeunesse, encore dopée par le succès diplomatique qu’elle vient de remporter à Caracas au sujet du Sahara, demande du concret. «Tant que la Constitution n’est pas amendée, rien ne pourra changer», estiment plusieurs intervenants dans la salle.

Séparation des pouvoirs, indépendance de la justice, régionalisation… les principes de la réforme, définis il y a plusieurs mois par l’Istiqlal (www.leconomiste.com), ont été rediscutés par des académiciens: Les universitaires Abdellah Saâf et Miloud Belqadi, Abdellatif Housni de la revue Wijhat Nadar, Abdellah El Oualladi de l’OMDH, Mohamed Aqdim du Barreau de Rabat…

A noter que cette université a attiré quelque 120 participants. Ce qui ne reflète aucunement la place de l’Istiqlal dans l’échiquier politique.

Dans un paysage qui manque cruellement d’idées, l’Istiqlal veut faire l’exception. Pour sa rentrée politique, il programme la réforme de la Constitution et la réanimation de la Koutla. Enfin, si l’USFP le veut bien!


Il ne faut pas toucher au Roi!

«Nous estimons que SM le Roi est un démocrate et qu’une bonne Constitution doit se faire en symbiose avec la Monarchie», avait déclaré à l’Economiste le secrétaire général de l’Istiqlal, Abbes El Fassi, dans un entretien paru le 23 février 2005. Dans l’esprit du parti, il ne faut pas toucher à l’institution Royale car «c’est le socle qui unit les Marocains». Pour le reste, les propositions du parti sont:
- Le renforcement de l’indépendance de la justice
- L’élargissement des attributions de l’appareil législatif
- La révision des prérogatives de la composition des deux chambres du parlement
- La détermination du concept et des compétences de la région
- L’institution de la langue amazigh en tant que langue nationale.

Nadia LAMLILI
Source : L'Economiste

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com