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Nadia Yassine: Au nom de la liberté d’expression!

«Laisser le peuple parler». C’est en substance ce que soutient l’ambassadeur américain à propos des islamistes. Il considère que la liberté d’opinion est déterminante pour arriver à la démocratie.

Sa déclaration à propos du report du procès de Nadia Yassine (sous pression américaine) a choqué bien des gens. «J’étais appelé à faire un commentaire en tant qu’officiel. J’ai dit que je ne l’ai jamais rencontré mais que je crois beaucoup aux droits individuels», explique le diplomate. «Nous ne sommes pas intervenus dans une affaire marocaine. Ce n’était pas notre but», se défend-t-il.
L’ambassadeur savait-il que sa déclaration allait avoir l’effet d’une bombe? Visiblement non. «Aux USA, c’est simple, beaucoup de personnes contestent le pouvoir», affirme-t-il.

Dans la société américaine, les valeurs individuelles sont sacrées. C’est peut-être pour cela que l’ambassadeur a des positions de principe. Il croit par exemple «qu’un débat comme celui de Nadia Yassine est essentiel pour le Maroc de demain». «Parfois, nous oublions que les Etats-Unis ont mis deux siècles et demi à travailler dur pour en arriver là. Le Maroc va très vite. Il peut arriver par lui-même, en invitant les gens à participer, à discuter», soutient-il.
Mais ce que la plupart des officiels américains ne connaissent pas (ou ne veulent pas connaître), c’est de voir si leur perception unilatérale de la démocratie est valable à d’autres contextes, à d’autres peuples et à d’autres types de gouvernance…La leçon irakienne avec les horreurs qui se poursuivent ne semblent pas les avoir entamés.

Au contraire, ils seraient maintenant sur de nouvelles pistes pour réaliser coûte que coûte les objectifs de démocratisation du Grand Moyen-Orient.
Parmi ces nouvelles pistes, il y a les islamistes. Comment l’administration US voit-elle les islamistes marocains? L’ambassadeur ne veut visiblement pas emprunter ce terrain glissant. Avec des réponses très diplomatiques, il dit «qu’il n’est pas expert en la matière» et que «la définition du mot islamisme n’est pas claire».
«Nous essayons de comprendre et d’apprendre plus sur le Maroc. Nous ne jugeons pas. Nous soutenons les réformes du Roi, la participation des gens, le processus démocratique et les droits des femmes», enchaîne Thomas Riley.

Pour lui, «il est important d’encourager ces processus car le succès futur du pays en dépend».
En tout cas, dans le monde, Washington semble engagée dans une nouvelle politique axée sur le recours aux islamistes du monde arabe pour instaurer la démocratie.
Cette version est pourtant contestée par l’ambassadeur. «La logique veut que nous supportions les gouvernements qui font des efforts pour aider leurs populations», dit-il avant d’ajouter que «croire en la liberté d’expression veut dire croire en la personne».
A travers ses réponses, Thomas Riley a, en effet, distillé beaucoup de messages. Les élections de 2007 présentent «un grand enjeu». «Elles pourront être importantes si la population comprend bien ce qui se passe dans le monde et dans son pays», dit-il. Pour cela, il faut une plus grande participation. «Le pouvoir de la démocratie est essentiel», conclut-il.

Source : L'Economiste

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