Menu

Les gouvernements européens ne veulent pas des réfugiés

Des noyés, par milliers, en Méditerranée et dans l’Atlantique, et des droits de l’homme oubliés.

La semaine dernière, le bilan annuel des candidats à l’asile en Europe morts dans leur tentative d’atteindre une côte hospitalière s’est gravement alourdi au large des Canaries et du Maroc : 14 personnes, dont six enfants, parmi les 91 passagers d’une embarcation au large de Tanger, deux au large des Canaries. L’an dernier, ce sont 15 675 émigrants qui ont été interceptés par les autorités espagnoles. De 1997 à 2004, l’Association (marocaine) des familles des victimes de l’immigration clandestine, présidée par Khalil Jemmah, a recensé 4 000 morts et portés disparus en mer.

Dans Liberté Algérie, cet homme dénonce : « Aujourd’hui, avec l’approche sécuritaire instaurée par les Européens, les clandestins prennent de plus en plus de risques. Ils doivent faire 200, voire 500 kilomètres de traversée en haute mer, dans des conditions très difficiles à bord de "pateras" de fortune, pour atteindre Tarifa, dans le sud de l’Espagne. Nous ne cessons de dire que l’approche sécuritaire ne fait qu’aggraver le risque pour nos enfants et enrichir les mafias de trafics humains. La politique du Maroc, c’est la politique européenne. Nous avons demandé une politique d’immigration, nous avons eu une police d’immigration. Nous avons demandé un dialogue méditerranéen, nous avons eu des monologues européens. » Une analyse que ne démentiront pas les onze organisations non gouvernementales qui ont demandé à la Commission européenne d’introduire une procédure en manquement devant la Cour de justice pour faire sanctionner le gouvernement italien. En cause, « l’externalisation » du traitement des réfugiés qui renvoie vers la Libye ceux qui parviennent à débarquer sur l’île de Lampedusa, sans que ne soit procédé à aucun enregistrement de demande d’asile. Or, la Commission s’y est refusée, déclarant qu’elle n’avait pas de « compétence générale en ce qui concerne les droits fondamentaux ». Le GISTI a saisi le tribunal de première instance des Communautés européennes pour faire respecter une résolution du Parlement qui invite la Commission « à veiller au respect du droit d’asile dans l’Union européenne... à faire cesser les expulsions collectives et à exiger de l’Italie ainsi que des autres États membres qu’ils respectent leurs obligations en vertu du droit de l’Union ». L’Italie, c’est simple, n’a toujours pas de loi générale sur l’asile. Le projet de loi n’est pas conforme aux normes internationales. La procédure actuelle ne garantit pas d’examen individuel et impartial. La consultation d’un avocat est plus qu’aléatoire dans les centres de rétention où la durée de séjour peut atteindre soixante jours.

Amnesty International s’inquiète de la situation en Autriche, où les demandeurs d’asile n’ont droit ni à un interprète ni à des soins adaptés, de l’usage « excessif » de la force en Belgique, et des conditions de maintien dans la zone de transit de l’aéroport, du refoulement systématique opéré par les autorités grecques, quand ce n’est pas d’actes de torture, du manquement aux obligations internationales en Grande-Bretagne...

Le Comité pour les réfugiés et les migrants, dont le siège est à Washington, dans son rapport présenté la semaine dernière, évalue à 11 millions et demi le nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile dans le monde. Les femmes y sont majoritaires. Sept millions d’entre eux vivent cette situation depuis plus de dix ans. Selon le rapport, parmi les plus grandes communautés de réfugiés privées de leurs droits essentiels, au travail, à la santé et à l’éducation, on trouve deux millions et demi d’Afghans en Iran et au Pakistan, environ un million et demi de Palestiniens à Gaza, en Cisjordanie et au Liban, et près d’un demi-million de Burundais au Rwanda et en Tanzanie. Il convient d’ajouter à ces chiffres, 21 millions de personnes avec le statut de déplacés forcés à l’intérieur de leur propre pays.

Source: L'Humanité

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com