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Affaire Nadia Yassine : La justice, mon œil !

C'est dorénavant vérifié, le procès de Nadia Yassine a été suspendu sur instruction américaine. Deux éléments frappent d’emblée : l’ingérence américaine et la perméabilité de la justice marocaine.

Inutile de gloser sur le droit que s’attribue Washington d’intervenir dans les affaires intérieures des uns et des autres. À chaque fois que l’Oncle Sam a jugé les politiciens d’un pays à sa merci, il est venu avec ses gros sabots rectifier le tir. Le procédé en soi est hégémonique et humiliant. Mais cela est déjà connu. Par contre, la prédisposition du pays agressé (symboliquement) à accuser le coup et courber l’échine atteint rarement la soumission assumée par le Maroc.

D’où nous vient cette propension à céder du premier coup ? De nos relations séculaires, de l’ALE, de l’OTAN, du manque de doigté ? Toutes ces réponses sont justes. Mais on oublie l’essentiel : la nature téléguidée de notre justice. Au fond, si Riley a pu forcer la main à Bouzoubaâ, c’est bien parce que ce même Bouzoubâa a la fâcheuse habitude d’orienter "ses" juges. Parce que si Riley savait notre justice imperméable, il n’aurait même pas fait la démarche.

Et puis, si nous avions un pouvoir judiciaire en bonne et due forme, déconnecté de l’exécutif, libre de toute contrainte politique, il n’aurait même pas à traiter d’affaires moyenâgeuses de lèse-majesté. Comme les juges n’auraient pas de ministre comme supérieur hiérarchique.

Mais bon, la réalité est que notre justice, mis à part quelques individus à la moralité incorruptible, fonctionne par coups de fil, instructions, contre-instructions, mise au pas des juges récalcitrants, déplacement des plus dociles d’entre eux et autres procédés makhzéniens surannés. Doit-on, alors, nous indigner de l’ingérence américaine ? Regrettons plutôt que nous la méritions à ce point.

Driss Ksikes
Source : TelQuel

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