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Rapport 2005 Amnesty International : Maroc: Quelques bons points, mais…

La secrétaire générale d’Amnesty International, Irene Khan, a salué les avancées réalisées par le Maroc dans le domaine des droits de l’homme.

Dans un monde marqué par de sérieuses violations des droits humains, “des nouvelles réconfortantes nous parviennent de pays comme le Maroc et la Turquie”, a-t-elle annoncé lors d’une conférence de presse tenue hier 25 mai, à Londres, pour présenter le rapport annuel 2005 de l’organisation sur la situation des droits humains dans le monde.

Par ailleurs, la secrétaire générale a souligné que cette progression a pu se réaliser grâce à notamment la mise en place de l’Instance Equité et Réconciliation (IER) et l’adoption d’un nouveau code de la famille, qu’elle a qualifié de “progressiste”.

Dans son rapport, l’organisation a salué l’adoption par le Maroc du nouveau code de la famille qui a nettement amélioré le cadre législatif des droits des femmes. Et ce, en leur conférant une responsabilité égale et conjointe au sein de la famille, ainsi que pour l’éducation des enfants, selon l’organisation.

Toutefois, elle dénonce les dispositions inchangées relatives au droit à l’héritage, qui sont discriminatoires à l’égard de la femme. De même que l’ampleur préoccupante des violences domestiques au Maroc, confirmées, en novembre 2004, par le Comité des droits de l’homme des Nations unies.

Autre point fort du Maroc, la mise en place de l’IER, qui vise à examiner les centaines de cas de disparition et de détention arbitraire survenues de 1956 à 1999. Cette instance, qui a reçu, en décembre dernier, plus de 16.000 demandes de réparation des victimes de disparition et de détention arbitraire, doit remettre en 2005 son rapport, a noté l’organisation internationale.

Cependant, Amnesty International reproche au royaume de ne pas traduire en justice les auteurs de ces actes portant atteinte aux droits humains. “Plusieurs d’entre eux seraient toujours membres des Forces de sécurité, occupant même dans certains cas des postes de commandement”, précise l’organisation.

Autre couac, l’organisme international dénonce des atteintes aux droits de l’homme commises lors de la campagne antiterroriste. Parmi les 200 personnes emprisonnées, certaines se sont plaintes d’avoir été torturées pendant leur interrogatoire. “Plusieurs personnes condamnées en 2004 auraient été contraintes sous la torture de faire des “aveux” ou d’apposer leur signature ou l’empreinte de leur pouce sur des déclarations qu’elles récusaient”, relève le rapport.

D’autres violations du droit à un procès équitable ont été signalées, notamment le rejet fréquent par les tribunaux des requêtes introduites par leurs avocats pour solliciter la citation de témoins à décharge.

En juillet 2004, le Premier ministre a annoncé que des investigations seraient menées et des “mesures appropriées” prises contre les responsables de tels agissements. Plusieurs enquêtes ont été ouvertes et un projet de loi visant à combattre la torture a été élaboré.

En revanche, le rapport d’Amnesty International épingle le Maroc sur le traitement affligé par les autorités aux centaines de migrants, originaires pour la plupart d’Afrique subsaharienne. “Certains ont affirmé que les Forces de sécurité avaient fait une utilisation excessive de la force au moment de leur interpellation; d’autres se sont plaints d’avoir été torturés ou maltraités en détention. Deux Nigérians morts au mois d’avril auraient été abattus par les Forces de sécurité à proximité de la frontière avec Melillia. Les autorités ont ouvert une enquête”, souligne l’organisation.

Amnesty International dénonce également l’expulsion de cinq journalistes étrangers, qui réalisaient des reportages sur le Sahara. “Les autorités tentant, semble-t-il, d’empêcher la diffusion d’informations” sur ces provinces, estime le rapport.

Ce dernier, citant des sources officielles, précise que ces journalistes ont été expulsées car elles étaient soupçonnées de faire de la “propagande” en faveur du Front Polisario et avaient été trouvées en possession de nombreux documents favorables à la position de ce mouvement”.

Au niveau mondial, la guerre contre le terrorisme menée par les gouvernements est “manifestement inopérante”, a accusé Amnesty International, estimant que le respect des droits de l’homme “est le meilleur antidote au terrorisme”. Prise d’otages sanglante de Beslan en Russie, attentats du 11 mars à Madrid, décapitations d’otages en Irak diffusées à la télévision et sur Internet: “la montée en puissance du terrorisme” est incontestable pour Amnesty, selon laquelle l’année 2004 a vu “une véritable escalade de la barbarie”.

Nadia DREF
Source : L'Economiste

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