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Maroc-France/intégration : Le HCI prend le Royaume en exe

Deux jours après la visite officielle à Rabat de Dominique de Villepin, ministre français de l’Intérieur, c’est au tour de Nicole Ameline, ministre de la Parité et de l’Egalité professionnelle et Blandine Kriegel, présidente du Haut Conseil à l’Intégration (HCI) et chargée de mission auprès du président de la République française de s’y rendre.

Pour un sujet fondamentalement différent, certes. Le HCI organise en effet les 15 et 16 septembre, pour la première fois en dehors de l’Hexagone, un séminaire où les sujets relatifs à la nouvelle mouture de la Moudawana et à la situation des migrants âgés seront au coeur des débats.

Ce ne sont donc pas, comme on aurait pu le penser, les thèmes relatifs au port du voile et à la question islamique qui figurent au programme. L’instance, qui a un rôle consultatif, a en effet entamé depuis plus de deux ans une réflexion sur “l’islam dans la République”, problème jugé central pour l’intégration dans la société française d’un grand nombre de personnes étrangères vivant en France.

· Un “contrat d’accueil”

Les membres du HCI seraient, sur proposition du Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, en train de mener une réflexion sur les termes d’un contrat d’accueil et d’intégration destiné aux communautés étrangères. Ce qui explique probablement le choix des thèmes retenus pour le séminaire.

En optant pour “les nouveaux droits civils des femmes”, les organisateurs ont d’abord voulu exprimer leur satisfaction quant aux avancées marocaines en la matière. Mais ils souhaitent également analyser dans quelles mesures les nouvelles dispositions du code de la famille influencent la vie quotidienne des marocaines résidant en France. A l’ambassade de France à Rabat, on indique que le choix du Maroc n’est pas fortuit. Erigée en exemple au Maghreb et dans le monde arabe, la Moudawana nouvelle version, d’aucuns préfèrent parler de code de la famille, est en premier lieu une réponse aux revendications des femmes du Maroc et d’ailleurs en matière d’égalités.

L’intégration de ces femmes à l’étranger est tributaire de ces droits. D’abord parce qu’une femme épanouie, qui dispose de droits au sein du foyer conjugal, est, en général, une mère qui accorde à l’éducation de ses enfants une attention particulière. Et contribue donc à une meilleure intégration au sein des sociétés occidentales.
Ensuite, parce que ces femmes restent, malgré leur statut de résidentes à l’étranger, soumises aux lois de leur pays d’origine.

Les nouvelles législations des pays d’origine peuvent donc influencer l’intégration dans les pays d’accueil. Un des objectifs du séminaire qui se tient à Rabat est de savoir dans quelles proportions la nouvelle moudawana a eu un impact sur les Marocaines en France, comment elle est mise en application dans les deux pays. Plusieurs spécialistes français et marocains de la question doivent intervenir sur le thème. Il s’agira également d’analyser l’action des associations et de la société civile de façon générale dans la prise de conscience et la connaissance des nouveaux droits féminins.

Les femmes marocaines en France restent peu ou mal informées. Quels sont les meilleurs moyens et réseaux susceptibles de leur fournir les informations relatives à leur nouveau statut dans leur pays d’origine. Le HCI entend pousser plus loin encore la réflexion. Un de ses objectifs est en effet d’identifier les types de réseaux à mettre en place pour permettre aux femmes des deux rives d’accéder à l’espace public et aux prises de décision.
Le deuxième sujet-phare du séminaire concerne la situation des vieux migrants.

· Quand on devient vieux

Les membres du HCI souhaitent, lors de leur visite au Maroc, saisir l’occasion pour disposer de davantage d’informations sur cette population, une fois de retour au pays. Les vieux migrants souffrent en effet d’un manque total d’attention de la part des gouvernements de leurs pays d’origine qu’aggrave leur mauvaise condition financière: retard dans les pensions, versement des avantages sociaux liés à des obligations de résidence...

Pour le Maroc, la tenue du séminaire est hautement symbolique. Pays modèle en matière de droits des femmes, disposant d’une importante communauté en France, il est aussi fortement attaché à l’Hexagone qui reste son principal partenaire économique et son indéfectible allié politique dans la région. Se préoccuper des conditions de vie de ses ressortissants à l’étranger ne doit plus être le problème d’un été. Mais bel et bien une préoccupation constante.


Le HCI, pourquoi faire?

Créé il y a juste dix ans sous le gouvernement socialiste de Michel Rocard, le Haut Conseil à l’Intégration n’a véritablement démarré que depuis plus de deux années sous la droite. Il est investi par l’Etat et comprend seize membres-personnalités provenant d’horizons divers et de générations différentes.

Le HCI a surtout un rôle consultatif. Il mène des réflexions sur les questions qui intéressent la société française particulièrement en ce qui concerne les communautés étrangères immigrées.

Depuis plus de deux ans, il a entamé des travaux sur “l’islam dans la République”, un débat d’actualité notamment avec les problèmes de port du voile.

Mais il s’intéresse également à toutes les questions qui touchent à l’immigration. En 2003, ses travaux ont porté sur la promotion sociale des jeunes des quartiers en difficulté et les droits civils des femmes issues de l’immigration. Probablement une des raisons du choix des thèmes retenus pour ce séminaire. Avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel, il tente d’analyser les moyens d’améliorer la représentation de la diversité culturelle et des immigrés à la télévision française.

Amale DAOUD
Source : L'Economiste

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