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Instance Equité et Réconciliation : Benzekri, mission accomplie

L'Instance Equité et Réconciliation (IER) a demandé au Souverain une prolongation de son mandat de six mois supplémentaires. Mais en attendant, l'Instance doit soumettre au Souverain un rapport, même partiel, de ses activités.

En principe, l'Instance Equité et Réconciliation (IER) doit boucler ses travaux le 12 avril 2005, c'est-à-dire aujourd'hui. Toutefois, les douze mois d'intenses activités n'ont manifestement pas suffi pour que l'IER atteigne les objectifs tracés par SM Mohammed VI dans son discours du 7 janvier 2004.

Selon des sources bien informées, le président de l'Instance, Driss Benzekri, a demandé au Souverain une prolongation de six mois, afin de pouvoir boucler l'ensemble des dossiers. En tout cas, dans les coulisses de l'IER on estime que même si SM le Roi accorde une prorogation du mandat de l'IER, cette dernière devrait présenter un rapport, même partiel, de ses activités lors de ces douze derniers mois.

Les membres de l'IER travaillent d'arrache-pied. Mais il est évident que le nombre de dossiers soumis à l'Instance est beaucoup plus important que ce Benzekri et ses amis pouvaient imaginer. Les demandes n'ont cessé de pleuvoir au siège de l'IER à Rabat. L'Instance a même accepté des demandes au-delà des délais prévus.
En tout cas, tous les observateurs attendent avec impatience le contenu de l'éventuel rapport partiel. Quel est le sort des disparus des années de plomb? Bon nombre de dossiers n'ont toujours pas été résolus par l'IER. Même constat pour les dédommagements: il y a plusieurs dossiers toujours en suspens.

Aussi, bon nombre de centres de détentions cités par des témoins n'ont pas été visités par les membres de l'Instance.
Pourtant, parmi les missions assignées à l'IER figure l'établissement de la vérité. Il s'agira de déterminer des catégories (c'est-à-dire des degrés) de violations des droits de l’homme. Et pour ce faire, l'IER engagera toutes les investigations nécessaires, notamment à travers le recueil des déclarations et des témoignages, l’examen des archives officielles, ainsi que la collecte des informations et données pouvant contribuer à la recherche de la vérité auprès de toute source. L'une des conclusions intéressantes que le rapport partiel pourrait contenir est justement relatif au comportement des différents services de sécurité à l’égard des membres de l'IER. Cette dernière a-t-elle pu examiner toutes les archives de la police ou de la gendarmerie? En clair, les services de sécurité ont-ils été coopératifs? Plusieurs autres questions peuvent être posées.

Pour ce qui est de la question du préjudice collectif, l'IER ne l'a toujours pas réglée. A cet effet, rappelons que l'Instance devrait en principe organiser deux nouvelles audiences publiques. L'une à Laâyoune et l'autre à Al Hoceima. Ces deux destinations sont-elles toujours programmées ? Si oui, quand est-ce que les citoyens auront l'occasion de découvrir les témoignages des victimes de ces deux régions marocaines: le Rif et le Sahara? En visite à Al Hoceima, les membres de l'IER ont été confrontés à de sévères scepticismes. La réunion tenue avec des ONGs de gauche (essentiellement d'Annahj Dimocrati) a failli tourner au crêpage de chignon.

Depuis, l'IER semble avoir coupé tout contact avec les Hoceimis. A Laâyoune, les choses sont également très délicates. Avec tout cela, l'IER réussira-t-il à tourner une des pages les plus sombres de l'histoire du Maroc? Car l’enrichissement de la culture du dialogue en vue d’asseoir les fondements de la réconciliation fait partie des missions de l'IER.

Ce qui est sûr, c’est que le rapport de l'IER sera considéré comme un document officiel. Il doit comporter les conclusions des investigations, des recherches et analyses effectuées au sujet des violations et leur contexte. Le rapport final doit donner un cer tain nombre de recommandations et propositions à même de garantir la rupture définitive avec les pratiques abusives du passé, d’effacer les séquelles des violations, et de restaurer et renforcer la confiance en l’Etat de droit et le respect des droits de l’Homme. Une tâche ardue qui, sans doute, nécessite plus d'un an et demi de travail.

Abdelmohsin EL HASSOUNI
Source : Aujourd'hui le Maroc

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