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Manifestes de l’Indépendance : Documents inédits signés Ben Barka

Ces documents, datés du 28 juillet et 4 août 1943, montrent que les nationalistes marocains participaient au Conseil du gouvernement, soit 5 mois avant le Manifeste de l’Indépendance.

La première lettre, signée par Mehdi ben Barka, est adressée au chef de la région civile de Rabat. Ben Barka y présente l’ordre du jour que la section marocaine du Conseil de gouvernement voulait traiter lors de la prochaine session (Conseil consultatif). La seconde, adressée au résident général de France Puaux, annonce le boycott du prochain conseil: aucune réponse n’a été donnée à leurs demandes.
Sur les 5 noms importants ayant signé la lettre, 4 sont signataires du manifeste du 11 janvier. Ils étaient donc encore dans la logique de réforme du Protectorat. «Ce document prouve que la décision de réclamation de l’indépendance du Maroc n’a été prise d’une manière collégiale que quelques mois avant le manifeste», dit Bouaziz.

«Cela n’empêche pas que la décision est importante. Mais cela m’interpelle sur le mécanisme de prise de décision dans le champ politique marocain», poursuit-il. Cette situation lui rappelle la décision de l’ex-opposant Abderrahmane Youssoufi de participer au gouvernement d’alternance de 1998. En février, l’Istiqlal avait même organisé un congrès extraordinaire. Tout le monde pariait que Youssoufi n’entrerait pas au gouvernement… un mois plus tard, Youssoufi en fait partie.

(Document aimablement prêté par Mustapha Bouaziz pour les lecteurs de L’Economiste)


L’épopée des lettres

Le mouvement national marocain a créé à Paris au milieu des années 30 un bureau d’information qui jouait le rôle de relais entre nationalistes marocains et le milieu politique et l’opinion publique français.

Ce bureau va prendre de l’importance durant les années 40 jusqu’en 1952. Dans ce bureau sont passées des figures notoires du pays, comme Omar Benabdeljalil, fondateur de la BP, Abderrahim Bouabid, Mehdi Ben Barka, Abdellah Brahim, le premier chef du gouvernement postindépendance, M’hmed Douiri, M’hmed Boucetta, Abderrahmane Kadiri, éminent professeur de droit constitutionnel (cousin de Boubker Kadiri), Moulay Ahmed Alaoui. Le local était même loué à son nom.

Le groupe diffusait à Paris les différents communiqués du mouvement national et jouaient le rôle d’une délégation qui prenait des contacts aussi bien avec les acteurs français qu’avec le Vatican et les Nations unies, qui a l’époque, venaient d’être créées. Ce bureau, sis au 20, rue de la Serpente à Paris dans le quartier Latin, a été transformé après l’Indépendance, en un club des Marocains en France, puis en association: Association des Marocains de France qui a hérité des archives de ce bureau.

Ces archives ont été dispersées. Et le professeur d’histoire à la Faculté des lettres de Casablanca, Mustapha Bouaziz, en a retrouvé une partie au début des années 80. Ces documents inédits sont aujourd’hui déposés à la Faculté.

Source : L'Economiste

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