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Dounia Bouzar dénonce l'absence de "débat de fond" au CFCM

Dounia Bouzar quitte le CFCM et dénonce l'absence de "débat de fond"

Seule femme parmi les "personnalités cooptées" membres du bureau du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dounia Bouzar a annoncé, mardi 4 janvier, qu'elle démissionnait de cette fonction. Dans une lettre adressée aux responsables du CFCM, l'ancienne éducatrice déplore que cette instance n'ait jamais mené un "débat de fond" sur l'avenir "des jeunes musulmans nés en France" : "J'ai attendu patiemment de nombreux mois, sachant que le "débat" sur le foulard mobilisait toute notre énergie et qu'il fallait laisser du temps au temps, écrit-elle. Au bout d'un an et demi, je constate, une fois de plus, que les seules discussions qui vont mobiliser le CFCM jusqu'aux élections concernent les places des uns et des autres, sans qu'aucun débat de fond ne soit possible."

Le poste dont Dounia Bouzar démissionne est symbolique. Il a été occupé auparavant par Bétoule Fekkar-Lambiotte, présidente de l'association Terres d'Europe. Celle-ci était la seule femme membre de la Consultation sur l'islam de France, à l'origine du CFCM. Le 8 février 2003, elle avait annoncé sa démission "pour défendre l'islam républicain". Elle reprochait à l'ancien ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, de privilégier l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), qu'elle accusait de diffuser "un islam parfaitement rétrograde". Elle affirmait vouloir combattre "la montée progressive de l'intégrisme" et "défendre de l'extérieur un islam républicain".

L'introduction des personnalités qualifiées dans la consultation avait pour objectif d'ouvrir la représentation de l'islam à des courants minoritaires, à travers des figures comme le soufi Khaled Bentounès, chef spirituel de la confrérie Alawiya, des musulmans libéraux (Soheib Bencheikh), des universitaires (Eric Geoffroy).

Au bureau du Conseil français du culte musulman, les réactions sont sévères à l'encontre de Mme Bouzar. Le secrétaire général, Haydar Demiryurek, fait remarquer que "le CFCM est d'abord fait pour travailler sur des sujets concrets". "Il n'est pas un institut de sociologie..." Les membres du CFCM relèvent également que Dounia Bouzar n'assistait plus aux réunions "depuis plusieurs mois".

Interrogée par Le Monde, Mme Bouzar se montre particulièrement critique sur le fonctionnement du CFCM. "Depuis deux ans, c'est le seul lieu où je vais et où on ne parle pas d'islam ! La seule légitimité du CFCM est d'organiser le droit au culte et il n'y parvient pas. Aujourd'hui, il est complètement mobilisé par la préparation des élections de juin. Nous sommes entrés dans une dynamique où soit on politise l'islam, soit on islamise le politique. Pendant vingt ans, on a demandé aux musulmans de laisser l'islam à la frontière pour s'intégrer. Aujourd'hui, on veut les définir uniquement par la référence musulmane !" Dounia Bouzar regrette également que "les gens de la deuxième et troisième génération ne sont pas représentés au CFCM".

Le bureau de cette instance doit se réunir jeudi 6 janvier et se prononcer sur l'opportunité de nommer rapidement une remplaçante.

Xavier Ternisien
Source: Le Monde

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