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Grand-Moyen-Orient : Rabat accueille le Forum pour l'Avenir

Des responsables du G8 et de 23 pays arabo-musulmans se réunissent samedi à Rabat pour débattre du calendrier et de la nature des réformes à engager dans les pays musulmans dans le cadre du «Forum pour l'avenir», initié par la diplomatie américaine.

Cette rencontre, décidée dans le prolongement du sommet arabe de Tunis en mai et du sommet du G8 à Sea Island (USA) en juin, sera marquée par la présence et l'intervention très attendue du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, coprésident du Forum avec son homologue marocain Mohamed Benaïssa.

Le chef de la diplomatie américaine, qui devrait quitter ses fonctions en janvier 2005, signera ainsi au Maroc l'épilogue de sa carrière diplomatique marquée par l'intervention américaine en Irak et par l'embrasement du conflit israélo-palestinien.

Le «Forum pour l'avenir» s'inscrit également dans le cadre de l'initiative du «Grand Moyen-Orient», pierre angulaire de la diplomatie de George W. Bush pour accélérer les réformes politiques et économiques dans le monde arabo-musulman, de la Mauritanie au Pakistan.

Accueillie avec scepticisme, voire avec une hostilité déclarée, par plusieurs dirigeants arabes, dont le président égyptien Hosni Moubarak, la famille régnante d'Arabie saoudite ou le régime islamique iranien, cette initiative vise officiellement à «promouvoir la démocratie», à lutter contre l'analphabétisme et contre la discrimination de la femme et à assainir l'environnement des affaires.

Le Maroc, qui vient de conclure un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, le premier du genre conclu avec un pays africain et le second avec un pays arabo-musulman, a été choisi par les Etats-Unis parmi une demi-douzaine d'autres candidats pour accueillir et organiser le «Forum pour l'avenir».

Allié historique et stratégique de Washington dans le Maghreb, le royaume chérifien voit ainsi récompenser «la politique de réformes courageuses» (ouverture commerciale, réforme du statut juridique de la femme, multipartisme, liberté de la presse écrite, règlement du dossier des droits de l'homme) engagées par le roi Hassan II à partir de 1995 et par son successeur Mohammed VI à partir de 1999, selon une source diplomatique occidentale à Rabat.

«Ce Forum est un tableau de bord des réformes engagées et à venir. Il s'agit avant tout de discuter, de mettre les problèmes sur la table, de nouer un dialogue constructif» a déclaré à l'agence Associated Press (AP) un responsable gouvernemental marocain sous couvert d'anonymat.

«C'est une initiative américaine suivie d'une offre de partenariat du G8. Nous souhaitons que ces réformes se fassent au rythme de chacun et ne soient pas imposées. Le Maroc a voulu que personne ne soit exclu de ce processus, y compris des pays jusque-là marginalisés comme l'Iran ou la Syrie qui ont accepté notre invitation», poursuit ce haut-responsable marocain.

La tenue au Maroc de ce «Forum pour l'avenir», placé sous très haute sécurité, a été condamnée par plusieurs partis et associations marocaines: Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste, troisième force parlementaire du royaume) et par la très influente association islamiste Al Adl Wal Ihsane (justice et spiritualité). Près de 40.000 Marocains, essentiellement des islamistes, ont manifesté le 28 novembre à Rabat pour exprimer leur refus du «Forum pour l'avenir» et leur solidarité avec «les peuples frères d'Irak et de Palestine».

La presse marocaine islamiste mais également l'influent hebdomadaire francophone «Tel Quel», proche des milieux financiers, ont qualifié «d'indignité» et «d'humiliation du peuple marocain» l'organisation à Rabat de cette conférence.

Les pays participants seront représentés au niveau de leurs ministres des Affaires étrangères et des Finances.

Même si Paris, autre allié stratégique du Maroc, «se réjouit de toute initiative visant à promouvoir le dialogue», la France estime que les outils de concertation, de coopération et de développement avec les pays arabo-musulmans «existent déjà à l'instar du processus euro-méditerranéen décidé en 1995 à Barcelone», explique-t-on de source diplomatique française.

La France, représentée à Rabat par son ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, devrait par ailleurs insister pour que le «règlement des conflits» (Irak, Palestine) figure au centre de la déclaration finale.

Source : Associated Press

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