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Maroc - Fès : Quand Hamid Chabat met de l’eau dans son…vin

Huit jours se sont écoulés depuis la sortie tonitruante du maire de la ville de Fès, Hamid Chabat, qui avait, pour rappel, ordonner la fermeture des débits de boissons alcoolisés sur le périmètre de la cité. Depuis, et en dehors des échauffourées qui ont vu des élus en venir aux mains pour se faire entendre, le maire de la capitale spirituelle du Royaume se montre plus discret et surtout moins virulent dans son propos.

S’il maintient le cap, il n’en reste pas moins que la tonalité est moindre. Comme du reste le contenu. Assiégé par les professionnels du secteur touristique de la ville – Fès est la 3ème destination touristique du pays et mise fortement sur ce secteur pour doper son économie - et par les médias nationaux, mais surtout internationaux qui se sont bousculés pour obtenir un «sonore», Hamid Chabat a tenu à reconsidéré son propos.

«Je n’ai jamais dit que je voulais interdire la consommation d’alcool à Fès, mais que je voudrais me pencher sur la présence de bars à proximité d’écoles et de mosquées, et demander aux autorités compétentes d’agir au nom de l’ordre public. Mes propos ont été mal compris et/ou mal interprétés», dit-il.

Celui qui a pris pour habitude de surprendre – dernière sortie en date et son propos sur Mehdi Ben Barka, qu’il avait accusé d’avoir commandité des actes de torture et de violation des droits de l’Homme, ce qui lui a valu un procès toujours en cours– voilà qu’il «récidive» avec, cette fois-ci, l’alcool comme instrumentalisation politique.

«C’est une parade de plus. Il cherche à faire parler de lui sur des positions étranges. Selon moi, cette sortie répond à deux objectifs. Primo. Gêner le parti Authenticité et Modernité (PAM) qui commence à gagner du terrain et neutraliser le PJD. Secundo. Renforcer son assise politique locale, déjà importante au vu de sa confortable réélection dès le 1er tour. Cela ne répond pas à un quelconque rapprochement entre son parti, l’Istiqlal, et le PJD. Il roule pour lui», indique Mohamed Darif, politologue.

Cependant, bien qu’Hamid Chabat ait mis de l’eau dans son «vin», il se pourrait que cette sortie ne soit pas sans conséquence. En effet, déclarer vouloir «sacraliser» Fès peut sous entendre que la ville n’est pas sacrée. Comme du reste les autres villes du Royaume.

«On commence à entendre, ici et là, des voix s’élevant pour pointer du doigt l’interventionnisme de Hamid Chabat sur le champ religieux, espace réservé au Commandeur des croyants, SM le roi Mohammed VI, et de dénoncer un dépassement des limites», précise Mohamed Darif.

Un «dépassement» qui a conduit Younès Chelli, responsable du Mouvement Unicité et Réforme (MUR) à Mohammedia, devant les tribunaux. En effet, il est poursuivi en justice pour avoir distribué la fatwa d’Ahmed Raïssouni appelant à boycotter les surfaces commerciales qui commercialisent de l’alcool. Son procès est en cours.
Qu’en sera-t-il pour Hamid Chabat ?

Rachid Hallaouy
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