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Khaled taxé de « Marocain » par la presse algérienne

Trois mois se sont écoulés depuis la tenue de l’édition 2009 du Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira. Cette année, l'ancienne Mogador a accueilli de grands maâlems gnaouis et de grands noms de la musique en général. Et parmi eux il y avait Cheb Khaled, le roi du Raï. Il avait profité de son passage au Maroc pour accorder une interview au magazine Telquel. Dans cet entretien, il parle de musique et des relations entre le Maroc et son pays. Et les propos du chanteur ont suscité une levée de boucliers chez les médias algériens, et en particulier le quotidien généraliste « Liberté ». Ce journal titre ainsi son papier : « Khaled « le Marocain » fait scandale ».

Cheb Khaled, de son vrai nom Hadj Brahim Khaled, n’a pas caché sa joie de retrouver le Maroc, tout en rappelant que « le gnaoui et les qrakeb existent aussi en Algérie ». À la question de l’hebdomadaire casablancais sur les tensions algéro-marocaines, que le natif d’Oran qualifie « d’aberration », Khaled a répondu : « Tout petit, j’ai vu un flic entrer chez mon copain et le refouler au Maroc. À Oran, on a tous des amis qui ont été déportés, des gens qu’on a cachés et d’autres qu’on a mariés de force pour qu’ils puissent rester en Algérie. Avec le recul, ces scènes ressemblent à celles de la Seconde Guerre mondiale où des voisins cachaient leurs amis juifs pour leur éviter les camps nazis. À ce point. Ça me fait mal ».

Le chanteur faisait référence à l'expulsion par l’Algérie, alors dirigée par Houari Boumediene avec Bouteflika comme ministre des Affaires étrangères, de milliers de familles marocaines en 1975. Sans doute en signe de représailles après la Marche Verte. Pour le journal Liberté, considéré par des observateurs comme l'outil de propagande du service de renseignements algériens, c’était une réponse aux actions de Rabat qui avait dépossédé des citoyens algériens résidant au Maroc avant de les renvoyer chez eux.

Pour revenir à l’auteur de la célèbre chanson « Didi », son commentaire sur l'expulsion des Marocains lui a valu d'être accusé par le journal algérien de « prendre le parti des Marocains » ou de « comparer les Algériens aux nazis ». Le chanteur, qui se dit ami du roi Mohammed VI, et faisant « partie de la famille du roi », ne s’en est pas arrêté là. Le King du Raï a confié à Telquel qu’il « côtoie – maintenant – le roi du Maroc et le président Bouteflika ». Selon lui, les deux dirigeants lui disent la même chose. « Les gens ne vont pas comprendre si on tourne rapidement la page du conflit entre le Maroc et l’Algérie. Les jeunes des deux bords t’adorent. On a besoin de symboles comme toi pour ouvrir des brèches et permettre le dégel des tensions en douceur. Et un jour, tout ça va s’arranger », a-t-il affirmé à Telquel.

Une affirmation de plus qui a provoqué une ire dans la rédaction de Liberté, qui voit en ces mots, une accusation portée contre Abdelaziz Bouteflika. Dans tous les cas, Khaled semblait être à l’aise, et n’a fait que dire, apparemment, ce qu’il a vécu. « …À la frontière du royaume, aucun douanier n’osait me demander un visa même si je voyage avec un passeport algérien », a-t-il confié à Telquel, en réponse à la question s’il avait eu besoin du visa, à l’époque où il était exigé pour les Algériens pour entrer au Maroc.

Pour Cheb Khaled, marié à une Marocaine, les peuples algériens et marocains sont « frères ». À la question de savoir si les tensions disparaîtront un jour entre les deux voisins, il a répondu que « c’est juste l’être humain qui se complique l’existence. Il faut y mettre de la volonté, c’est tout ». Celui qui se « considère comme l’ambassadeur de la musique maghrébine dans le monde » vient donc de lancer un appel à la réconciliation.

Ibrahima Koné
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