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Elections communales marocaines 2009 : L’envers du décor du scrutin

Durant la période pré-électorale, les candidats n’ont pas d’autre alternative que de constituer des équipes pour quadriller le périmètre de voix à grappiller. Ainsi, plusieurs stratégies d’action sont de mises comme la distribution de «biens». Histoire de semer pour mieux récolter le jour j.

Comme garde fous, il y a ceux que l’on appelle dans le jargon «les Chnaka» (chef de troupeaux dans les plaines), sorte de chef de file qui bénéfice d’un contact direct avec le candidat et dont la mission est de distribuer de l’argent, entre 100 et 200 dirhams par électeurs. Ce dernier jouit d’une parfaite connaissance du public cible, ainsi que de sa zone d’intervention. En outre, c’est une méthode qui s'est montrée efficace depuis des années. Selon des sources bien informées, le candidat a l’assurance que son investissement sera productif.

A noter que le Chnaka n’intervient pas que lors des élections. Il est présent toute l’année. A l’occasion des fêtes traditionnelles, d’un décès, d’une naissance, d’une hospitalisation ou encore pour faciliter des démarches administratives. En somme, le «Chnaka» a plusieurs casquettes.

Autres stratégies logistiques utilisées par les candidats avec l’engagement d’équipes en charge de la distribution des tracts de propagande, la location de «garages» comme lieu de permanence électorale et la prise en charge des contrôleurs des bureaux de vote. Elle est assurée par des personnes, jeunes et moins jeunes, par des hommes comme par des femmes.

Très souvent, les tracts sont distribués par des personnes issues du quartier où se présente le candidat. «Cela facilite le contact et permet de mieux capter l’attention des gens», indique un militant. Ces personnes sont rémunérées entre 100 et 150 dirhams par journée de travail avec la prise en charge du déjeuner (sandwich) pour les mieux lotis. Tous n’ont pas cette «chance». L’USFP, entre autres, ne prend pas en charge le «déj’».

A défaut d’avoir des militants des partis qui assurent cette tâche, les partis et leurs candidats font appel à de la main d’œuvre bon marché. On néglige trop souvent le rôle assuré, hier, par les militants lors des distributions des programmes électoraux. Au début des années 1970, les campagnes électorales étaient animées par les militants.

«Tous les partis politiques sans exception recrutent des jeunes pour tracter leur documents de propagande où figurent les listes des candidats par circonscription. Ces personnes ne sont pas des militants du parti. Pis, quand on les interroge, ils déclarent ne pas être favorable au parti en question voire la politique tout court. Seul le Parti Justice et Développement (PJD) a une base militante qui assure la distribution des tracts», indique Lahcen Daoudi, Secrétaire général adjoint du PJD.

Pour les autres maillons de la chaîne logistique, la location de «rideaux» pour animer une permanence électorale dans les quartiers - une sorte de QG où le candidat se réuni avec ses équipes – où deux options sont possibles. Primo. Le lieu appartient à un (très) proche où à une personne intéressée et le candidat négocie la gratuité. Secundo, le candidat loue le temps de la campagne (environ une quinzaine de jours) à un prix qui se situe entre 1000 et 1500 dirhams.

Autres charges fixes pour les candidats, l’indemnisation des personnes en charge de la surveillance des bureaux de vote, le jour de l’élection, elles sont rémunérées à hauteur de 200 Dh / jour. En dehors du fait qu’elles représentent le candidat, ces personnes sont chargées de veiller au bon déroulement du scrutin et de parer à toute tentative de corruption ou de bourrage d’urnes.

Rachid Hallaouy
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