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Maroc-Espagne: Le RNI s'empare du dossier des armes chimiques dans le Rif

Le dossier des victimes des armes chimiques dans le Rif durant l'occupation espagnole émerge de nouveau. Cette fois, c'est par la voix du RNI que tout indique qu'il compte s'approprier ce brûlant dossier. Un terrain occupé depuis bien longtemps par des ONG amazighes qui ont fait de cette question une priorité.

Cette nouvelle entrée en scène du RNI est sujette à diverses appréciations. Aborder en effet cette épineuse question par cette formation qualifiée ajuste titre de très proche du Palais est tout sauf fortuit. Cela vient à un moment où les relations maroco-espagnoles traversent une zone de turbulences. Les supputations s'amoncellent sur les véritables raisons de la récente sortie médiatique de Mustapha Mansouri.

Contacté par le Soir échos, le président du Parlement assure que «la conjoncture internationale se prête favorablement à ce genre de demande. L'Italie a présenté ses excuses au peuple libyen et la France a versé des indemnités aux victimes de ses expériences nucléaires. Les choses ont évolué, c'est le moment idoine pour aborder cette question». Que le RNI surfe sur cette vague n'est pas un fait isolé du contexte qui marque désormais les relations entre Rabat et Madrid.

M. Mansouri déplore au passage que certains milieux associatifs et parlementaires du voisin du nord «ne lésinent pas sur les moyens pour porter atteinte à nos institutions». Le langage diplomatique mis sous le boisseau, le président du Parlement affirme sans ambages que l'Espagne n'est pas la mieux placée pour «donner des leçons
au Maroc sur les droits de l'homme et la réconciliation avec le passé», allusion à peine voilée aux refus des autorités judiciaires de ce pays d'autoriser le juge Baltazar Garzon d'ouvrir une enquête sur les crimes commis lors de la guerre civile espagnole (1936-1939).

M. Mansouri a nié que ces déclarations obéissent à une démarche électoraliste à deux mois du scrutin du 12 juin, affirmant son ouverture pour aborder cette question avec les ONG locales. Un représentant du tissu associatif local oppose lui un autre son de cloche. Mohamed Hammouchi assure que «LeRNI n'a aucune relation avec le Rif» et du coup «il n'est pas apte pour aborder cette question», appelant Mustapha Mansouri à aborder en premier lieu «les violations des droits de l'Homme commises au Rif après l'indépendance».
Pour le vice-président de l'Association Rif des droits humains (ARDH), les déclarations de Mustpaha Mansouri s'inscrivent dans le cadre de «surenchère politique» qui refait surface «à chaque visite d'une formation du centre dans la région. Et puis, il n'y a plus rien».

M. Hammouchi assure que les ONG locales qui travaillent sur ce dossier adoptent une approche axée principalement sur le dialogue avec les représentants de Madrid. «Cette question a fait l'objet de négociation avec Fernando Sansier, le consul espagnol à Nador», rappelle-t-il. Durant les années 20, l'Espagne avait entamé une guerre d'agression contre la population du Rif sans distinction entre civils et militaires, utilisant systématiquement, en guise de vengeance contre le désastre d'Anoual, des armes chimiques non conventionnelles interdites en vertu des conventions de La Haye de 1899 et 1907.

Reconnaissance: Une proposition de loi rejetée par le PP et le PSOE.

Voulant briser la loi de l'omerta entourant cette sensible question, une formation politique espagnole a tenté de secouer la chape de plomb pesant sur cette question. Février 2007, le parti catalan Gauche républicaine (Izquierra republicana) a présenté au congrès espagnol une proposition de loi appelant notamment le gouvernement espagnol à assumer sa «responsabilité» dans l'utilisation des armes chimiques dans le Rif par l'armée espagnole. Le document avait appelé vertement l'Etat espagnol à demander «pardon» aux victimes des actions militaires commises par les armées du général Franco «sous les ordres de son autorité suprême, le roi Alfonso XIII». La proposition de la formation catalane a été catégoriquement rejetée par les deux grands partis, le PP (opposition) et le PSOE (majorité). L'issue de l'initiative de la Gauche républicaine était prévisible. La cure d'amnésie collective administrée à tous tes Espagnols depuis la mort du dictateur Franco ne peut en aucun cas s'accommoder avec les objectifs déclarés d'un tel projet de loi. Même te célèbre juge Balatazar Garzon a été stoppé net dans son enquête sur les fosses communes franquistes dans lesquelles ont péri au moins 100.000 personnes. Deux ans après le décès de Franco, ces crimes contre l'humanité ont été couverts légalement par une loi d'amnistie générale votée en 7977.

Mohamed Jaabouk
Source: Le Soir Echos

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