Menu

Droits de l'homme: Les USA épinglent le Maroc

Rapport sévère du Département d'Etat US sur les droits de l'homme. Le document, rendu public hier, passe au peigne fin tous les actes et violations enregistrés dans le pays en 2008.

Le Département d'Etat américain a rendu hier son verdict sur la situation des droits de l'homme dans le monde en 2008. La partie consacrée au Maroc est plutôt sévère. Il s'agit de la dernière évaluation que le gouvernement américain émet sous le mandat de Bush et qui sera officiellement présentée aujourd'hui par le chargé d'affaires de la Chancellerie US à Rabat. Côté bonnes nouvelles, on y lit notamment, et en avant-première, qu'aucun cas d'exécution arbitraire ou illégale commise parle gouvernement marocain ou par l'un de ses agents n'a été signalé. Cela étant, «les forces de l'ordre torturent ou brutalisent les détenus pendant leur garde à vue». Mais ce sont surtout les conditions de détention qui posent problème. Elles sont qualifiées d'extrêmement mauvaises et ne répondant pas en général aux normes internationales. Relevés dans ce sens, la surpopulation extrême, la malnutrition et l'absence d'hygiène.

Sécurité et justice fustigées
Le travail de la police est également remis en question : «la loi n'interdit pas les arrestations ou la détention arbitraires et la police utilise ces deux pratiques». «La corruption et l'impunité des policiers restent un problème», souligne le rapport, indiquant que les enquêtes menées à ce sujet aboutissent rarement. La justice n'est guère mieux lotie. «L'appareil judiciaire, souvent inefficace et considéré comme corrompu, n'est pas totalement indépendant et reste soumis à influence, en particulier dans les cas sensibles».

Côté libertés de la presse et d'expression, le département de Hillary Clinton n'est pas tendre non plus avec le royaume. Il rappelle que plusieurs personnes ont été arrêtées pour s'être exprimées en public ou sur Internet, allusion faite aux affaires Fouad Mourtada, Mohammed Erraji et Yassin Belassal. Parlant de la presse, le document cite RSF (Reporters Sans frontières), ONG selon laquelle 34 médias au moins avaient été censurés et 20journalistes au moins avaient fait l'objet de poursuites depuis 1999. Source de toutes ces poursuites, les atteintes à la monarchie,à l'intégrité territoriale ou à l'islam.

Le cas du Sahara
Toujours sur le registre de la liberté d'expression, le rapport note que les services de l'ordre ont empêché et dispersé brutalement des manifestations et des rassemblements pacifiques. «Ces incidents ont été moins nombreux que par le passé», nuance-t-on. S'agissant de la liberté de culte, le document félicite la souplesse de l'Etat. «Le gouvernement interdit la distribution d'articles religieux chrétiens à des fins de prosélytisme, mais tolère plusieurs petites minorités religieuses». Ce n'est pas le cas s'agissant de la traite d'être humains. «Le pays est une source de victimes, hommes, femmes et enfants, faisant l'objet d'une traite vers l'Europe et le Moyen-Orient, à des fins de travail forcé et d'exploitation sexuelle». Autre ennui, le salaire minimum qui ne permet pas à une famille de vivre décemment. Revenant dans un rapport à part sur la situation des droits de l'homme au Sahara, le Département d'Etat américain est plutôt positif. Contrairement aux années précédentes, ni l'Etat ni ses agents n'ont commis des meurtres arbitrairement ou illégalement. Il souligne une nette réduction des accusations de brutalités commises parles forces de sécurité marocaines au Sahara. Globalement, «les conditions des droits de l'homme dans ces territoires tendent à converger vers celle de tout le pays», souligne le document. Pour autant, le rapport relève que des mineurs étaient souvent arrêtés jusqu'à 72 heures sans que leurs parents ne soient informés. Si les protestations des activistes sahraouis se sont intensifiées, «des activistes ont pu obtenir des passeports». Et, fait notable, aucun cas de discrimination à l'égard des femmes n'a été signalé.

Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com