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Pourquoi les eurodéputés n'iront pas au Sahara

La délégation d'eurodéputés devant se rendre au Maroc n'en fera rien, finalement. Rabat évoque des contraintes de calendrier. La vérité est que le Royaume essaie tout simplement d'éviter les pièges des pro-séparatistes.

«On ne nous refera pas le coup !». C'est le message que Rabat semble avoir adressé au Parlement européen au sujet de la délégation d'eurodéputés qui devaient se rendre au Maroc, du 24 au 28 novembre dernier, et visiter les villes du Sahara. Officiellement, le Maroc affirme que ladite visite a été reportée pour des «contraintes de calendrier» avancées par le Parlement européen. Taïeb Fassi Fihri, dans des déclarations à la MAP mardi soir, va jusqu'à affirmer que «le Maroc regrette ce report intervenu malgré l'accord qui a été finalisé sur le format, le contenu et le déroulement de cette visite». Et d'annoncer cette visite des eurodéputés pour février prochain sans oublier de faire un clin d'oeil à l'Algérie et au Polisario qui «exploitent des faits et usent d'arguments fallacieux pour imputer au Maroc la responsabilité de ce report».

La réalité est tout autre. Car il ne faut pas oublier que ladite délégation est composée d'eurodéputés qui se recrutent tous au sein du fameux «comité ad hoc Sahara occidental» créé en 2005, mais aussi dans le milieu associatif qui s'active pour le soutien du «peuple sahraoui». Et ne pas oublier surtout que le Maroc, c omme l'explique une source informés, s'est déjà fait prendre au piège des pro-séparatistes. «Le Maroc veut un droit de regard sur tous les détails de la visite au moment où ladite délégation voulait se contenter de tout coordonner avec ceux quel 'on dénomme le Polisario de l'intérieur», explique notre interlocuteur. Le Royaume aurait-il émis là dessus de véritables diktats ? Absolument pas, à en croire nos sources, qui expliquent que la délégation d'eurodéputés voulait obtenir une sorte de mise à l'écart de l'Etat marocain, manière de lui dénier, dans les faits, toute souveraineté sur le territoire du Sahara. Et ce, au lieu d'écouter tout le monde et de re-cueillir les avis de toutes les tendances : officiels, unionistes et associatifs. Rabat aurait fait mieux pour «prouver sa bonne foi», puisque le Maroc, avant de signer l'accord sur le statut avancé avec l'Europe, a fini par accepter le déplacement de cette délégation. Cependant, les choses ont dégénéré depuis que des fuites dans la presse algérienne, et dans les relais médiatiques du Polisario, ont essayé de véhiculer l'idée d'un blocage du côté marocain avec force «manipulations» et même la tentative d'imposer un «programme tracé».

Mais Rabat reste ferme et rappelle qu'il n'a pas la mémoire courte. En mai 2006, soit une année après les événements de Laâyoune, un comité de droits de l'Homme s'était rendu au chef-lieu du Sahara avec la promesse d'écouter tout le monde. Finalement, ses membres n'ont pas honoré leurs engagements avant de s'envoler vers les camps de Tindouf. Et, comme par miracle, ils y atterrissent le 30 mai, jour de célébration de l'anniversaire de la création de la RASD. En dé­finitive, cette délégation a unique ment écouté les officiels du Polisario et écarté toutes les voix dissonantes. Pire, ce sont les seules versions officielles du Polisario qui se sont retrouvées consignées dans un rapport mis depuis sous embargo. Aujourd'hui, les séparatistes revendiquent toujours la publication de ce rapport et espèrent continuer leur forcing pour préparer l'arrivée de l'administration démocrate des Etats-Unis, un parti plus «sensible» aux questions ayant trait aux droits de l'Homme. Le Polisario fait feu de tout bois et l'accident d'Agadir, avec la mort des étudiants originaires du Sahara, arrive comme du pain bénit pour les camarades de Mohamed Abdelaziz.

Mohammed Boudarham
Source: Le Soir Echos

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