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Affaire Erraji. L'USFP interpelle le ministre de la justice

Le groupe USFP est monté au créneau au Parlement, mercredi dernier, en interpellant le ministre de la Justice quant au procès de Mohamed Erraji, à la suite duquel le blogueur a été condamné à deux ans de prison ferme.

Une question orale d'actualité a été déposée à l'adresse de Abdeouahed Radi, ministre USFP de la Justice. Elle devra être abordée dès l'entame des travaux de la session d'hiver du Parlement, prévue le deuxième vendredi du mois d'octobre prochain. Première formation à réagir à un procès pour le moins expéditif, l'USFP a axé son intervention à déterminer si les conditions nécessaires à un procès équitable sont réunies ou non. «Toute la question est de savoir pourquoi quelques jours seulement ont suffi à prononcer un tel jugement et si la personne condamnée a pu disposer d'une défense à même de plaider sa cause», dit Ahmed Zaidi, président du groupe à la Première chambre. Autre volet, les dispositions mêmes selon lesquelles Mohamed Erraji a été condamné, à savoir l'article 41 du code de la presse. «Or, cet article, ainsi que Vensemble des dispositions du code ne s'appli­quent pas à la presse électronique», rétorque Zaidi.

Et en dehors des textes contenus dans la loi anti-terroriste, aucun texte juridique ne réglemente l'exercice des libertés, notamment d'opinion. Dans un jugement record, le tribunal d'Agadir a condamné lundi dernier le blogueur marocain à deux ans de prison ferme et 5.000 DH d'amende pour «manquement au respect dû au roi». Le blogueur avait été interpellé jeudi dernier suite à la publication sur le site hespress.com d'un article intitulé «Le roi encourage le peuple à l'assistanat» critiquant la politique sociale du roi Mohammed VI. Il a été condamné 72 heures plus tard dans un jugement expéditif sans qu'il puisse bénéficier du droit le plus élémentaire, celui d'être assisté par un avocat. L'élan de solidarité à, quant à lui, été des plus larges, tant au Maroc qu'à l'étranger. Une pétition est en circulation sur le net pour la libération d'Erraji.

«Les autorités ont répété la même bourde que lors du procès de Fouad Mourtada, à savoir transposer des règles terrestres à un environnement virtuel. C'est absurde», dit cet avocat. Même son de cloche auprès de Reporters sans frontières. «Cette décision est injuste. Mohamed Erraji a été victime d'un procès expéditif dans lequel il n'a même pas pu se défendre faute de temps pour trouver un avocat. Il est le premier blogueur marocain poursuivi et condamné en raison d'articles publiés sur Internet. Nous condamnons cette décision, digne des Etats les plus totalitaires, et demandons la libération de Mohamed Erraji», a déclaré l'organisation.

3 questions à Mustapha Ibrahimi – Juriste, membre du groupe USFP au parlement

Le groupe USFP vient de déposer une question orale sur le cas du blogueur Erraji. Qu'est ce qui justifie une telle démarche pour vous ?
Nous nous sommes posés nombre de question quand au circonstances dans lesquelles le blogueur a été arrêté, jugé et condamné. Et tout porte à croire que les conditions d'un procès équitable n'étaient pas toutes réunies. A la rapidité de toutes les démarches judiciaires entamées contre lui, de son arrestation à sa condamnation trois jours après, s'ajoute le fait qu'il n'a pas bénéficié de nombre de droits que lui confère le code de procédure pénale.

Outre celui d'avoir une défense à sa disposition, quels sont d'après vos informations les droits auxquels Erraji n'a pas eu accès ?
Il semble d'abord que sa famille n'a pas été informé de son arrestation, ce qui constitue un violation grave au code de procédure pénale. Au début de l'audience le juge ne lui aurait pas prononcé ses droits, y compris celui d'être assisté par un avocat et de demander le report de l'audience.

Quels sont les actions à attendre de votre démarche ?
Je pense que le ministre de la Justice auquel nous nous adressons dans notre question devrait diligenter une enquête pour savoir à quel point la procédure normale a été respectée, ou pas, dans le cadre de cette affaire. Nous respectons totalement l'indépendance de la Justice et nous ne contestons pas ses jugements. Mais il est de notre devoir de veiller à ce que les droits des Marocains soient respectés.

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Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

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