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Espagne. Le Maroc défend ses clandestins

Tout en appelant à un traitement humain de ses clandestins, le Maroc décide d'installer des commissariats conjoints avec l'Espagne. Objectif : la lutte commune contre les réseaux terroristes, de drogue et d'immigrations illicite.

Cette fois, c'est officiel. Les récentes arrestations menées, fin juin dans la région de Murcie (sud-est de l'Espagne), dans les rangs d'immigrés marocains, les clandestins en premiers, ont fini par faire réagir les autorités marocaines. Profitant de la présence au Maroc de son homologue espagnol Alfredo Perez Rubalcaba, le ministre de l'Intérieur Chakib Benmoussa n'a pas manqué de monter au créneau pour demander à l'Espagne de traiter avec humanité ses immigrés clandestins. «Il faut prendre la problématique de l'immigration dans son ensemble. Et pour la régler, il faut une approche globale, qui prenne en compte la dimension de co-développement et le respect des droits de la personne», a déclaré lors d'une conférence de presse commune le ministre marocain de l'Intérieur Chakib Benmoussa. Tout en reconnaissant l'existence de «certains problèmes» dans la gestion de ce dossier côté espagnol, Alfredo Perez Rubalcaba s'en est tenu à la position officielle de son pays. «En tous cas, les rapatriements (des sans-papiers) sont inévitables. Il faut appliquer la loi et adresser un message aux criminels, aux trafiquants d'êtres humains, leur signifiant qu'il faut cesser de faire passer des gens clandestinement. Il y a des voies légales pour venir en Espagne», a-t-il souligné en substance.

Une position qui fait des victimes. Selon l'Association des travailleurs et immigrés marocains en Espagne (ATIME) des dizaines d'immigrés marocains sans papiers, travaillant pour la plupart dans les exploitations agricoles, ont été arrêtés le 27 juin dans la région de Murcie, lors d'une vaste opération de la police espagnole. Cette ONG a affirmé qu'ils avaient été rassemblés pendant plus de six heures saris eau ni nourriture dans des parcs et des places publiques de la localité de Torre Pacheco pour vérification de leurs documents de résidence.

Le message du ministre marocain passé, la coopération en matière de lutte des deux pays contre l'immigration clandestine sera enrichie par la mise en place de commissariats communs. La décision a été prise lors de la réunion de travail des deux ministres, qui a eu lieu mercredi. Rabat et Madrid s'apprêtent en effet à mettre en place des commissariats conjoints à Tanger et à Cadiz. Des agents de sécurité des deux pays y travailleront ensemble contre les réseaux mafieux de l'immigration illégale. L'initiative des commissariats conjoints annonce le début d'une nouvelle étape dans la coopération sécuritaire entre les deux pays. Elle donne suite aux mesures déjà adoptées après les attentas de Madrid de 2004, dont l'harmonisation de l'action des magistrats des deux pays, avec notamment la nomination de deux juges de liaison, un Espagnol à Rabat et une Marocaine à Madrid. Egalement visés par ce nouveau dispositif, les réseaux de trafic de drogue.

Le cas EI Néné, Pun des plus gros bonnets de la drogue au Maroc et en Espagne, qui s'était échappé en décembre d'une prison marocaine avant d'être arrêté fin avril à Ceuta sur ordre d'Interpol, a d'ailleurs été soulevé lors de la conférence de presse. Et malgré les manœuvres de ce dernier, qui mobilise avocats, famille et proches pour être jugé en Espagne et échapper à la justice marocaine, Rubalcaba a été pour le moins clair. «Si c'est un criminel, il sera extradé», a-t-il affirmé. Egalement au menu de la coopération policière et judiciaire entre les deux pays, la lutte anti-terroriste. Les propos prêtent à l'optimisme. «Nous travaillons quotidiennement la main dans la main pour déjouer les attentats», a souligné le ministre espagnol.


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Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

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