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UPM. Ce que le Maroc peut y gagner

Riche d'une place privilégiée vis-à-vis de l'Europe, comparé aux autres pays de la rive sud de la Méditerranée, le Maroc se voit conforté dans ses options européennes.

L'Union pour la Méditerranée est désormais une réalité. Rebaptisée «Processus de Barcelone : une Union pour la Méditerranée», l'initiative se veut claire, précise et égalitaire. Le temps de la rencontre de Paris, les différends d'avant sa tenue semblent s'être estompés. Oubliés également les calculs de certains pays, notamment de la rive sud, et les grandes ambitions de ce projet. L'Union pour la Méditerranée ne sera, en somme, que le prolongement du processus de Barcelone. Fondée sur l'égalité de toutes les parties, elle vise, selon la déclaration finale de la rencontre de Paris, à traduire le processus en projets concrets qui soient davantage visibles pour les citoyens. Les modalités en matière de projets seront déterminées lors de la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères, qui se tiendra en novembre 2008. En attendant, un premier bilan s'impose.

D'abord, sur le rôle que le Maroc est amené à y jouer et le poids qu'il y représenterait. S'il a été parmi les premiers pays à prêter main forte à l'initiative, c'est parce qu'il jouit déjà d'une place privilégiée vis-à-vis de l'Europe. «Un tel positionnement ne peut donc que favoriser la réalisation de toutes les ambitions marocaines quant à ses voisins de la rive nord, à commencer par l'obtention du tant recherché statut avancé qui constitue l'armature de socle de la stratégie marocaine», déclare l'universitaire Abdelhak Azzouzi. Si le terrain des investissements européens au Maroc est déjà balisé, les accords d'association conclus et le démantèlement douanier déjà en cours, une telle initiative jouerait donc le rôle d'accélérateur.

Une place au soleil est également à prendre d'un point de vue diplomatique. Avec la Tunisie, le Maroc est dans la course pour abriter le secrétariat général de l'Union, choix qui sera également fait en novembre. «Mais l'intérêt serait limité au simple prestige et à l'aura diplomatique. Il faut à mon avis sortir de ce cercle vicieux et pauvre en réelle substance et s'intéresser au fonds de ce projet», commente Azzouzi. Le fond, c'est avant tout les six priorités fixées dans la déclaration finale de la réunion de Paris, à savoir la dépollution de la Méditerranée, la mise en place d'autoroutes terrestres et sur mer entre les deux rives (projet dans lequel le Maroc est appelé à devenir une plaque tournante de tous les échanges), la solidarité entre pays, le développement d'énergies alternatives et des échanges éducatifs et culturels. Qu'en est-il des rivalités entre pays qui risquent de compromettre aussi bien l'initiative que certains acquis du Maroc, l'Algérie pesant de tout son poids dans cette Union ? «L'Union pour la Méditerranée sera fera avec ou sans l'Algérie, qui a ses propres impératifs. N'oublions pas que l'UE s'est faite sans la Grande-Bretagne dans un premier temps», précise Azzouzi. Si, à ce titre, l'absence du roi Mohammed VI a été aussi remarquée que prêtant à nombre d'interprétations, notamment celle voulant que ce soit une réaction au «trop» d'attention à laquelle l'Algérie voisine a eu droit, Une source de l'Elysée, relayée par la MAP, nous apprend qu'il n'en est rien. Le roi s'est longuement entretenu avec le président français au téléphone, samedi, soit le jour de la réunion. Il a même envoyé un message de félicitations au même Sarkozy, soulignant le rôle du Maroc dans cette nouvelle initiative. Le Maroc «qui a soutenu Votre initiative, depuis son lancement, a été très sensible au choix que Vous aviez porté sur la ville de Tanger pour y prononcer, en octobre dernier, Votre discours historique. Par ce geste fort, Vous aviez conforté l'engagement méditerranéen constant et indéfectible du Royaume», peut-on y lire.

UPM, mode d'emploi

Afin de mèner a bien les objectifs tracés, les travaux de l'Union seront marqués par l'organisation de sommets bisannuels entre les chefs d'Etats et de gouvernements signataires de la déclaration. Des réunions des ministres des Affaires étrangères se tiendront chaque année. Celles au sommet devraient se tenir alternativement dans l'UE et dans les pays partenaires méditerranéens. Le pays hôte devrait être choisi par consensus. Egalement décidée lors de cette rencontre, la création d'une Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne (APEM) qui sera l'expression parlementaire légitime du processus de Barcelone : une Union pour la Méditerranée. Les chefs d'État ou de gouvernement soutiennent sans réserve le renforcement du rôle de l'APEM dans ses relations avec les partenaires méditerranéens.

Pour la direction de l'Union, c'est le principe de coprésidence qui a été adopté. L'un des présidents sera originaire de l'UE et l'autre d'un pays partenaire méditerranéen.

Un secrétariat paritaire sera établi et occupera une place centrale au sein de l'architecture institutionnelle. Le mandat confié au secrétariat sera de nature technique, tandis que les ministres des Affaires étrangères et les hauts fonctionnaires continueront à assumer la responsabilité politique pour
tous les aspects de l'initiative.

Un Comité permanent conjoint, qui sera basé à Bruxelles, apportera son concours aux réunions des hauts fonctionnaires et à leur préparation, et en assurera le suivi, servant ainsi de mécanisme de réaction rapide. Se voulant concret, le travail de l'Union reposera sur une logique de projets.

Leur financement sera du ressort du secteur privé, des contributions du budget de l'UE et de tous les partenaires en plus des contributions d'autres pays, d'institutions financières internationales et d'entités régionales, notamment la facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat (FEMIP).

Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

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