Menu

Union Africaine. Le Maroc fait de la veille diplomatique

Le Maroc continue de hanter les couloirs des sommets de l'Union africaine même après s'en être retiré il y a 24 ans. Pour le Sommet de Charm Cheikh, Taïeb Fassi Fihri fait son baptême du feu en la matière

Le Maroc aura été plus que présent lors du 11e Sommet ordinaire de l'Union africaine qui a clos ses travaux mardi, à Charm Cheikh en Egypte. Même si Rabat a décidé, depuis 1984, de se retirer de l'organisation continentale, les diplomates marocains ont toujours suivi de très près le déroulement des travaux de ces sommets et en avaient profité pour multiplier les rencontres de lobbying. Pour le rendez-vous égyptien, c'est Taïeb Fassi Fihri qui fait son baptême de feu, en tant que ministre «plein» des Affaires étrangères, lors de ce genre de sommet. Avec un premier bilan qui en dit long sur cette sorte de «veille diplomatique» poursuivie par le Maroc. C'est ainsi que, lors de la seule journée de lundi, premier jour des travaux de ce Sommet, le chef de la diplomatie marocaine a rencontré une bonne douzaine de hauts responsables entre chefs d'Etat, Premiers ministres ou ministres des Affaires étrangères. Le responsable marocain a en effet eu des entretiens avec les présidents gabonais, burkinabé, ghanéen et la présidente du Libéria. Il a de même eu des rencontres avec le Premier ministre de Djibouti, le chef du gouvernement de l'Angola ainsi que ses homologues du Congo, de Côte d'Ivoire, de Guinée Bissau, des Iles Comores et de Sierra Leone.

Officiellement, ces rencontres portent sur les relations bilatérales entre le Maroc et ses pays, ainsi que sur les questions d'intérêt continental. Dans les coulisses, les choses se passent autrement. «L'objectif est d'abord diplomatique. Il s'agit de faire en sorte que les pays qui nous soutiennent sur le dossier du Sahara ne flanchent pas, mais d'arracher quelque chose auprès des pays dont les positions vont, d'une manière ou une autre, contre nos intérêts», souligne une source diplomatique à Rabat. Notre interlocuteur relève aussi l'importance d'un tel rendez-vous où se retrouvent les plus hauts responsables d'Afrique.

Et le Maroc, pour une fois, n'a pas attendu la tenue du 11e Sommet de l'UA pour passer à l'acte. Il y a une dizaine de jours, Rabat a décidé de faire dans le «préventif» en dépêchant deux responsables de premier plan dans plusieurs pays africains. Il s'agit de Taïeb Fassi Fihri et Yassine Mansouri qui, abord d'un avion spécial, ont sillonné une bonne partie de l'Afrique pour une «mission spéciale» avec des messages royaux à la clé. Ils ont commencé par une mission au Kenya avant d'enchaîner avec le Niger, revenir au Kenya, débarquer au Cameroun et finir leur tournée en île Maurice. Le tout en une semaine. Au Cameroun, les deux responsables marocains ont même remporté une sorte de jackpot.

En marge des travaux d'un Sommet de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale), le ministre des Affaires étrangères et le patron de la DGED ont pu rencontrer pas moins de six chefs d'Etat et plusieurs chefs de diplomatie.

Parallèlement, le Maroc poursuit son offensive autrement, par le biais d'une nouvelle initiative (planifiée à Rabat ?). Depuis plusieurs semaines, le «Comité d'initiative de l'appel pour le retour du Maroc dans l'Union africaine» sillonne à son tour plusieurs pays d'Afrique pour faire passer un seul message, mais assez éloquent : l'UA sans le Maroc souffre d'une sorte de handicap et il est temps de faire en sorte que le Royaume revienne dans le giron de cette organisation.

Mohammed Boudarham
Source: Le Soir Echos

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com