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Le Polisario claque la porte des négociations de Manhasset

Mohamed Khaddad annonce le retrait du Polisario des négociations de Manhasset. Les responsables du front se disent furieux du parti pris de Peter Van Walsum. Le Maroc met en avant sa «bonne foi» initiale.

N'y aura-t-il pas de cinquième round des négociations entamées, en juin 2007, entre le Maroc et le Polisario ? C'est ce que laissent croire, de manière on ne peu plus explicite, les récentes déclarations d'un haut responsable du Front Polisario, Mohamed Khaddad. Dans des déclarations à la presse espagnole, il a en effet affirmé que le Polisario se retirait du cycle de Manhasset pour protester contre le «parti pris» de Peter Van Walsum, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, pour le Maroc. Et de manière des plus flagrantes, dit en substance le responsable polisarien. «Il a porté le coup de grâce» au processus de négociations, affirme Mohamed Khaddad en allusion aux propos du diplomate néerlandais qui avait affirmé, entre autres, que l'option de l'indépendance du Sahara était «irréaliste». «Nous jouons un match où l'arbitre essaie de nous mettre hors jeu au moment où il encourage l'autre partie à marquer des buts», commente Mohamed Khaddad, coordinateur du Polisario auprès de la Minurso. Réagissant aux déclarations du responsable du Polisario, Khalid Naciri, membre des délégations qui s'étaient rendues à Manhasset pour quatre rounds en l'espace d'un an, met en avant la bonne foi du Maroc.

«Pour négocier, il faut être deux. Si le deuxième refuse de négocier, que pouvons-nous faire ?», déclare le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. «Le Maroc s'est engagé de bonne foi dans ce processus, mais ne peut pas obliger l'autre partie à agir avec la même bonne foi», conclut le responsable gouvernemental. Peter Van Walsum avait affirmé en avril dernier que l'option de l'indépendance était «irréaliste» et ce lors des discussions de l'affaire du Sahara au conseil de sécurité de l'ONU. Son patron, Ban Ki-moon, a essayé de rectifier les propos de son collaborateur en affirmant qu'il s'agissait d'un «avis personnel». Pourquoi le Polisario a-t-il attendu tout ce temps là pour réagir, de manière aussi «radicale», aux déclarations de Peter Van Walsum ? «Le Polisario se sent ces derniers jours à l'étroit et notamment après une série de positions américaines clairement favorables au Maroc», explique un jeune membre du Corcas (Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes).

La semaine dernière, le président américain George Bush envoyait une missive à Mohammed VI dans laquelle il faisait les louanges de l'offre d'autonomie proposée par le Maroc pour résoudre le conflit autour des régions du Sahara. Lundi dernier, une porte-parole de la Maison blanche, Dana Porino, revenait à la charge pour réitérer le soutien de Washington à la même offre d'autonomie. Et, à Alger, c'est l'ambassadeur US qui, lors d'une récente conférence de presse, enfonçait le clou pour déclarer que le principe d'autodétermination, notion très chère aux séparatistes, ne signifiait pas forcément «indépendance». D'ailleurs, la direction du Polisa­rio, Mohamed Abdelaziz en premier, n'a pas caché sa colère face aux déclarations de l'administration américaine et avait réagi pour en contester la teneur.

Un acte de désespoir ou une sorte de «tirs de sommation» ? La direction du Polisario ne semblait pas s'acheminer vers une telle impasse. C'est d'ailleurs le sens des dernières déclarations de Mohamed Abdelaziz lui-même à nos confrères de «TelQuel» en déplacement, récemment, dans les camps de Tindouf. Et, si une sorte de tradition voulait que les deux parties se mettent d'accord sur le timing du round suivant, celui de mars dernier a fait exception, puisqu'aucune date n'a été arrêtée pour le cinquième set.

Mohammed Boudarham
Source: Le Soir Echos

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