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ISLAM : Apaisement au Conseil du culte musulman

Le président du CFCM, Dalil Boubakeur, et ses adversaires cherchent les conditions de la reprise du dialogue sous l'autorité de Dominique de Villepin

Un court instant ils se sont retrouvés, hier après-midi, auprès de la dépouille de Yasser Arafat. Ils ne pouvaient refuser l'invitation transmise par leur président, Dalil Boubakeur, qu'ils venaient pourtant de défier. La scène était plus romanesque qu'historique : l'hôpital militaire de Clamart et, selon un protocole réglé par la République, d'un côté le recteur de la Mosquée de Paris, de l'autre plusieurs membres du CFCM, le Conseil français du culte musulman. Tous religieusement silencieux. Tous réfléchissant à la manière de défaire l'adversaire. Et tous finalement obligés de demeurer ensemble.


Entre Dominique de Villepin, Dalil Boubakeur et Fouad Alaoui, le culte musulman, toujours au bord de la rupture, s'est engagé dans une nouvelle partie politique. Avec le départ de Nicolas Sarkozy du ministère de l'Intérieur, les cartes ont été rebattues. Comme il en a l'habitude à chaque changement de donne, Dalil Boubakeur cherche à reprendre la main. Le recteur de la Mosquée de Paris affiliée à l'Algérie, certes président en titre du CFCM, mais minoritaire et otage des Marocains contrôlant les fédérations UOIF et FNMF, exige de nouvelles règles électorales pour que soit conforté son pouvoir dans le prochain conseil du culte.


Hier, Fouad Alaoui, le secrétaire général de l'UOIF, a rassemblé dix-huit présidents de conseils régionaux du culte musulman sur vingt-cinq. A l'issue de cette réunion de la base contre le sommet, Fouad Aloui, membre d'une organisation proche de ces Frères musulmans rompus aux jeux de pouvoir, s'est chargé de lire un communiqué. Dans celui-ci, les présidents des conseils régionaux du culte musulman «expriment leur indignation et leur condamnation les plus fermes devant l'attitude irresponsable du président du CFCM». Et ils manifestent leur volonté de «mettre en oeuvre le processus électoral».


Joint par Le Figaro, le président de l'instance de Haute-Normandie, Abdelkader Arbi, que l'on peut qualifier d'indépendant, rappelait que Dalil Boubakeur connaissait, pour les avoir acceptées, les règles du jeu. Ne voyant pas pourquoi les élections ne se tiendraient pas au printemps prochain comme prévu, M. Arbi espère que d'ici là «les différentes commissions du CFCM reprendront leur travail» et que «l'Etat rouvrira également ses portes». Au moins, hier, se satisfait-il, «il n'y a pas eu de rupture et un CFCM bis n'a pas été créé». Dalil Boubakeur n'ayant pas de son côté démissionné, l'éventualité d'une disparition du CFCM comme celle d'une scission, à terme plus ou moins mortelle, ont donc été à nouveau évitées.


Si ses adversaires maintiennent la pression, Dalil Boubakeur, lui, a regagné un peu de sa liberté d'action, depuis son entretien, mercredi, avec Dominique de Villepin. L'accord entre le ministre de l'Intérieur et le président du CFCM porte sur la construction d'«un islam modéré», une ligne que ne cesse de défendre Dalil Boubakeur face aux fondamentalistes de l'UOIF et aux traditionnalistes marocains de la FNMF. Dominique de Villepin – c'est Dalil Boubakeur qui le rapporte – «est sensible au déséquilibre qui a présidé à la formation du CFCM, mais il a hérité d'une situation pour laquelle il ne faut pas le tenir responsable».


Tout en maintenant en vie cette instance créée par Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin pousse son projet de fondation musulmane. Celle-ci serait chargée de réunir des fonds pour la construction de mosquées et d'aider à la formation des imams. Dominique de Villepin vient de rallier Dalil Boubakeur, d'abord réticent, à cette cause. Convaincre Fouad Alaoui sera peut-être plus difficile. Restera à définir le partage des tâches entre le CFCM et une future fondation. Jusqu'à présent, la situation était bloquée. Elle ne l'est plus. Elle n'a jamais été aussi mouvante.


Source: Le Figaro

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