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Zapatero rempile, le Maroc respire

Zapatero et les socialistes maintiennent le cap et remportent les législatives espagnoles. Mohammed VI a été l'un des tous premiers chefs d'Etat à les en féliciter.

Le Maroc peut enfin respirer. Sur l'autre rive, Rabat n'aura finalement pas le conservateur Mariano Rajoy pour interlocuteur. Mais José Luis Rodriguez Zapatero, dont le parti vient de remporter les élections législatives de dimanche dernier. Sans faire de raz-de-marée, mais assez pour bri­guer un deuxième mandat à la pré­sidence du gouvernement. Le Roi Mohammed VI a d'ailleurs été l'un des tous premiers chefs d'Etat à féli­citer le Premier ministre espagnol... et les mots employés parle Souverain sont plus qu'éloquents. «Une reconnaissance et une confirmation du mérite dont vous jouissez pour vos qualités politiques et nobles sentiments humains», lit-on dans le message royal adressé à José Luis Rodriguez Zapatero. Ce dernier y est encore qualifié en tant «qu'hom­me d'Etat chevronné que nous comptons au premier ordre des amis du Maroc». Pour le reste, Mohammed VI émet les vœux de rigueur pour les «liens de bon voisinage », la «paix globale» et le «partenariat stratégique privilé­gié sur des bases solides». Concrète­ment, la victoire de Zapatero et du PSOE arrange les affaires du Ma­roc à plus d'un titre. Elle éloigne, au moins pour quatre autres années, le «spectre» des amis de Mariano Rajoy et de José Maria Aznar, réputés durs envers le royaume chérifien. «Cela si­gnifie que Von pourra travailler dans la continuité et sur plusieurs dossiers d'intérêt commun», souligne une source auto­risée au ministère des Affaires étran­gères qui suit de près les relations en­tre Rabat et Madrid. «Avec le duo Zapatero-Moratinos, on a instauré un vrai dialogue», ajoute la même source qui précise que la position de l'Espagne de Zapatero, sur le dossier du Sahara par exemple, est tout aussi importan­te que celle de Washington.

L'Algérie et le Polisario ont été déçus par le nouveau président français, Nicolas Sarkozy,sur qui ils comptaient pour rompre la tradition d'amitié qui lie le Maroc à la France. «Aujourd'hui avec la victoire du PSOE, Zapatero aura, lui aussi, les mains plus libres pour sou­tenir le Maroc», déclare un haut res­ponsable du ministère des Affaires étrangères. Mohamed Larbi Messari, grand connaisseur des relations entre les deux pays, tempère et affirme que les relations entre Rabat et Madrid seront «positives» quel que soit le par­ti qui gagne les élections. «Les bonnes relations avec le Maroc sont une option de l'Etat, mais, avec le PSOE, on a plus d'assurance», nuance l'ancien minis­tre istiqlalien. «Il ne faut pas oublier non plus l'héritage de Felipe Gonzales. Plus que la confiance, avec le PSOE, c'est le respect qui compte», conclut M. Messari. Lors des élections législatives de dimanche dernier, le PSOE de Zapatero a remporté 169 sièges sur les 350 que compte le Congrès des députés (chambre basse du Parle­ment espagnol).

Une courte victoire, car, si les so­cialistes renforcent leur position avec cinq sièges supplémentaires, le Par­ti Popular (PP) a lui aussi progres­sé de cinq sièges, portant le nombre total à 153 députés. Pour M. Mes-sari, c'est cette bipolarité pronon­cée (PP et PSOE) qui «a facilité la tâ­che des électeurs espagnols qui ont fina­lement dit non aussi bien à l'extrémisme idéologique qu'aux considérations purement régionales». L'ex-ministre et di­plomate fait allusion notamment à ce qu'il appelle deux «projets précis, mais dirigés vers le centre». Il ap­pelle, dans ce sens, à ne pas oublier les millions d'électeurs qui ont voté pour le PP. L'ex-ministre rappelle, pour finir, comment les trois figures de proue du PSOE (Zapatero, Cha-vez et Moratinos) s'étaient exprimé à l'endroit du Maroc au lendemain du 7 septembre dernier via des mes­sages de confiance. Mais aussi com­ment le porte-parole des affaires in­ternationales du PP, Gustavo Arestegui, a fait le déplacement à Rabat pour rencontrer les responsables des cinq premiers partis dégagés par les urnes. «H nous appartient donc à présent d'oublier le mythe du méchant PP au profit de l'amical PSOE. La politique se joue sur le terrain et non dans les salons de réflexion», conclut Larbi Messari.

Mohamed Boudarham
Source: Le Soir Echos

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