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Sahara: Le Maroc au pied du mur

En soulignant que le plan Baker a « conduit à une impasse », l’ONU pointe la responsabilité du Royaume qui dispose de six mois pour faire une proposition.

Pour un « un règlement juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Ces dispositions, extraites de la dernière résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies (le 28 octobre 2004) n’arrangent en rien la posture, déjà délicate, de la diplomatie marocaine. La référence à la résolution 1495 (du 31 juillet 2003) qui appuie le plan Baker II, est encore une fois ouvertement mentionnée par le Conseil de sécurité. Parallèlement à cela, le mandat de la Minurso est renouvelé pour six mois. Mais ce statu-quo juridique reste bien fragile, car il place la diplomatie marocaine dans une situation peu confortable : pour s’écarter, un tant soit peu, du plan Baker, le Maroc dispose d’un délai de six mois pour faire une proposition « durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Pour la diplomatie algérienne, l’utilisation de ce paragraphe onusien est une victoire certaine : « C’est avec une grande satisfaction que l’Algérie a accueilli l’adoption par le Conseil de sécurité, à l’unanimité de ses membres, de la résolution 1570 sur le Sahara occidental », a déclaré la porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères.


L’Algérie pointée du doigt

A Rabat, l’on se tourne vers le voisin de l’est, accusé de « continuer à bloquer » tout processus menant à une solution pacifique. Pour les autorités marocaines, l’Algérie a fait « une lecture tronquée » de la résolution 1570, celle-ci ayant souligné que le plan Baker a « conduit à une impasse ». En réalité, le fait que le Conseil de sécurité fasse un tel constat, ne signifie nullement que le plan Baker est rejeté. Bien au contraire, en l’absence d’une proposition marocaine, c’est ce même plan qui prévaut, et l’expression « conduit à une impasse » est une formule éminemment diplomatique qui induit une mise à l’index implicite de la diplomatie marocaine. Tout cela, les Marocains le savent. Selon toute vraisemblance, ils seront contraints de « pondre » une proposition avant l’expiration des six mois précités. Mais qu’est-ce qu’il risque de se passer si rien n’est fait ? Deux scénarios se présentent alors. Le premier est, somme toute, favorable aux thèses marocaines. La victoire des néo-conservateurs aux Etats-Unis est favorable au Maroc. C’est un fait, car pour eux, la stabilité de la monarchie passe inéluctablement par le respect de son intégrité territoriale.

Mais dans tous les cas, le Maroc doit faire une proposition suffisamment convaincante pour l’ONU, et qui passera éventuellement par une plus grande démocratisation du régime. L’autre scénario est plus économique. Il est l’expression d’un courant très influent à Washington : celui des lobbies pétroliers, favorable à l’Algérie. Il ne verrait pas d’un mauvais œil la partition du Sahara occidental. Objectif : permettre au voisin de l’est d’avoir un accès à l’Atlantique afin d’acheminer sa production en hydrocarbures vers les USA. Cela entre dans une stratégie américaine plus large qui dépasse l’Afrique du Nord pour s’étendre notamment au Golf de Guinée. En dépit de la dernière résolution du Conseil de sécurité, assez favorable aux thèses indépendantistes, le Maroc a encore les moyens de renverser la situation s’il fait montre d’une certaine ouverture politique. Il dispose de six mois pour choisir.

Omar Brouksy
Source : Le Journal Hebdomadaire

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