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Sahara: Le feuilleton de Manhasset se poursuit

Le prochain round des négociations sur le Sahara se tiendra du 11 au 13 mars à Manhasset. A peine les pourparlers de mercredi dernier clôturés qu’un nouvel épisode se profile. Pour l’instant, les deux parties restent diamétralement opposées. Les «partenaires parallèles», Nouakchott et Alger, ont été consultés à leur tour séparément. Comme prévu, ces tractations n’ont fait qu’accentuer le statu quo ayant prévalu dès le début.

Une visite dans «la région pour des consultations approfondies» sera entamée incessamment par le représentant des Nations unies, Peter Van Walsum. Ce ballet diplomatique tentera probablement de rapprocher les points de vue. Question de préparer le terrain pour le 4e round. Peter Van Walsum est d’ailleurs attendu «en février à Rabat», d’après le ministre des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri.

D’un côté, les séparatistes s’agrippent à leur référendum d’autodétermination. Les électeurs dits «sahraouis» devront opter soit pour le retour à la mère patrie, l’autonomie sous souveraineté marocaine ou l’indépendance. Une solution qui a déjà montré ses limites à l’époque de l’ex-émissaire onusien, James Baker. Toute la difficulté consistait à les identifier, comptabiliser. En avril 2007, la contre-proposition marocaine se démarque par le plan d’autonomie. Son contenu? Un Parlement régional élu par les tribus sahraouies notamment. Un pouvoir exécutif et un tribunal régional supérieur font également partie du lot. Pour Rabat, le plan est l’unique plate-forme de négociation. Elle laisse évidemment la porte ouverte à des modifications. Mais sans toucher au principe de la Souveraineté.
Même si l’on sait d’avance qu’il ne risque pas vraiment d’inaugurer un dénouement, pourquoi donc ce 4e round?

Le Polisario trouve un intérêt à faire perdurer le statu quo actuel. Sa dernière menace de reprendre les armes l’a diplomatiquement décrédibilisé. D’autant plus que ses dirigeants doivent faire face à une tension interne ayant émergé lors du dernier congrès. Le Maroc, quant à lui, doit préserver le contact pour maintenir la pression. La résolution 1783 a d’ailleurs qualifié la proposition de Rabat comme «sérieuse et crédible». Pourtant, là où la politique piétine, l’histoire et la sociologie font des miracles.

L’ouvrage de Mouna Hachim, «Dictionnaires des noms de familles», offre des exemples éloquents d’interpénétration entre le nord et le sud. La tribu de Rguibat ou des Aroussiyins cristallise la filiation territoriale du Sahara. C’est la même démonstration auquel Mohamed Cherkaoui se livre dans son essai «Le Sahara, liens sociaux et enjeux géostratégiques».

Près de 30.000 actes adulaires ont été épluchés, datant de 1960 à 2007, afin de trouver «un lien entre le Maroc et son Sahara». Des traités établissant «la souveraineté marocaine sur le Sahara avant 1904» existent aussi. Ils ont été signés avec les rois de France de Louis XIII à Louis XV et aussi des rois d’Espagne dont Don Carlos III.

Flash-back
Le Maroc récolte les dégâts engendrés par les premières décisions de l’après-indépendance. C’est parce qu’il a accepté le principe d’une récupération par étapes qu’il peine à libérer la dernière et la plus grosse tranche (266.000 m2). Le Maroc a accepté de négocier le dossier par étapes, visiblement pour ne pas trop froisser Franco. Ce dernier a refusé de reconnaître Ben Arafa comme roi du Maroc à la place de Mohammed V. Dans son livre «Au nom de l’Algérie», Mohamed Lebjaoui, un des fondateurs du Conseil de la Révolution algérienne, démontre que Boumediane s’attachait au principe de l’autodétermination afin de créer un pseudo «Etat sahraoui indépendant». Il voulait en être le protecteur avant de l’annexer.

Source: L'Economiste

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