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USFP: La contestation s’amplifie

L’impétueux Driss Lachgar, membre du Bureau politique de l’Union socialiste des forces populaires (Usfp) a subi les foudres des militants du parti à Fès. Il a, en effet, été tout simplement « prié de quitter la salle » lors de la réunion, samedi dernier, du Bureau régional du parti.

Une réaction qui en dit long sur le malaise qui s’est installé depuis quelques mois au sein de la formation politique. Et qui a donné naissance à un mouvement de contestation et auquel les dirigeants du parti ne s’attendaient pas. Pis encore, ils ne le voyaient pas venir.
Pourtant, Lachgar a été l’un des « artisans du départ de Mohamed El Yazghi ». Un départ qui n’a pas, pour autant, mis fin à la crise que traverse actuellement l’Usfp. Une crise qui était prévisible du moment que ses prémices avaient commencé pendant la préparation des élections. Le problème du choix des candidats et des têtes de liste s’était posé avec acuité dans de nombreuses circonscriptions.

Mais, ce sont certainement les résultats du 7 septembre qui ont été un grand choc pour les militants. Le parti a été premier en 1997 et à l’avant-garde en 2002. Et voilà qu’en 2007 il rétrograde à la cinquième place. Les causes du mécontentement sont donc là. C’est probablement le premier choc sérieux auquel sont confrontés les socialistes d’Abderrahim Bouabid depuis le départ d’Abderrahman El Youssoufi.

Il sera encore plus dur avec la formation du cabinet d’Abbas El Fassi. Le Conseil national ayant délégué ses pouvoirs au Bureau politique, ce dernier a chargé le 1er secrétaire, Mohamed El Yazghi de mener les négociations avec le Premier ministre istiqlalien. Au bout du chemin, seulement cinq postes ministériels dont un sans portefeuille sont attribués à l’Usfp. Militants et membres du Bureau politique se sont alors demandé pourquoi l’USFP, qui a seulement un siège de moins que le Rassemblement national des indépendants (RNI) à la Chambre des représentants, se retrouve avec cinq portefeuilles, alors que le même RNI dispose de sept portefeuilles, plus la présidence du Parlement.

Aujourd’hui, le vent de la contestation au sein de la formation politique a gagné en intensité. Des courants sont apparus dont le plus actif reste celui des «néo-socialistes».

Des réformateurs? Peut-être. En tout cas, ils affirment être «convaincus que les résultats des élections et ce qui s’en est suivi, au niveau de la constitution du gouvernement et d’impact sur la direction du parti doivent être appréhendés de manière correcte pour permettre la refondation réclamée par tous les militants». Ils appellent donc à «un vrai débat politique». Pour eux, il ne s’agit «ni d’erreurs personnelles uniquement, ni d’erreur collective de gestion d’une période, mais de la perte de sens politique d’une période historique, appelée «du consensus ». Il est vrai que la situation actuelle au sein de l’Usfp rappelle celle née après la démission de Youssoufi.

L’on estime chez les «néo-socialistes» «que le parti ne s’adresse plus à la société pour la mobiliser et peser sur le devenir du pays mais se limite à ses rapports avec l’Etat et ne sollicite la société qu’en tant que témoin», notamment à l’occasion des élections. Cette attitude a été «mortelle pour le parti parce qu’elle a laissé toute la visibilité à deux projets, l’un relevant, hypothétiquement de la volonté de l’Etat et l’autre intégriste». On ne peut être plus clair.

Mais, en définitive, que cherchent, que veulent les « néo-socialistes»? «Ni plus ni moins qu’une refonte, une restructuration, une réorganisation du parti », dira à L’Economiste un membre du Bureau politique, lui-même «favorable» à la donne des «néo-socialistes». Ces derniers estiment, d’ailleurs, que l’Usfp, qui a été pendant longtemps le chef de file de la gauche, «a perdu de son entrain». Ils demeurent, en outre, «convaincus que seule l’analyse critique permettra de définir une nouvelle ligne politique, réaffirmant les valeurs de gauche (de l’Usfp), définissant ses alliances potentielles et la réinstallant comme aile marchante de la société et force motrice du changement». Aussi, dit-on, « la seule perspective, c’est la refondation du parti avec et pour la société».

Refondation
Les courants contestataires au sein de l’Usfp réclament «un congrès de refondation ouvert à tous». «Il ne peut s’agir d’un congrès de légitimation d’une direction, ni d’un congrès qui exclurait ceux qui étaient en désaccord, non pas avec une ligne politique jamais pérennisée, mais de ses déclinaisons». Le prochain congrès, prévu en mars 2008, «doit être celui du débat le plus large permettant l’émergence d’une vision claire de l’étape historique, une ligne politique clairement exprimée et une charpente organisationnelle adéquate». Il en est aussi attendu une «redéfinition des valeurs» de la formation politique.

Jamal Eddine Herradi
Source: L'Economiste

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