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Législatives marocaines: Daba analyse les raisons de l’abstention

Le manque de crédibilité des candidats, leur négligence de l’intérêt des citoyens pour ne s’occuper que des leurs, le non-respect de leurs engagements électoraux précédents ont été parmi les raisons principales qui ont poussé 63% de Marocains inscrits sur les listes électorales à ne pas voter aux législatives du 7 septembre. Ce sont là du moins les premiers éléments de réponse dégagés par le sondage réalisé, entre les 28 septembre et 11 octobre, par le cabinet LMS-CSA pour le compte de l’association «2007 Daba».

En effet, 86% d’un échantillon composé de 2.463 personnes ont invoqué des raisons liées directement aux candidats et à leurs programmes. Sur cet ensemble, 63% ont estimé que les candidats aux élections du 7 septembre n’étaient pas crédibles alors que 39% ont affirmé qu’ils (les candidats) «ne s’occupent que de leurs intérêts et négligent l’intérêt des citoyens». Un constat qui étonne dans la mesure où l’on ne parle pas des partis ni de leurs programmes mais seulement de candidats, donc de personnes.

Non-respect des engagements
D’autres raisons sont d’ailleurs invoquées pour expliquer l’abstention. Il s’agit de raisons liées cette fois-ci au non-respect des engagements. Pas moins de 18% des interrogés estiment que les différents candidats ont fait, lors de précédentes échéances, des promesses qu’ils n’ont pas tenues telles la résorption du chômage ou la construction d’infrastructures. Il est vrai que de nombreuses personnes continuent encore à faire l’amalgame entre le rôle du député et celui de l’élu communal. C’est que la différence et la nuance entre les deux responsabilités ne sont pas toujours explicitées aux citoyens. Un rôle qui, en principe, incombe aux partis politiques dans le cadre de l’encadrement des citoyens.

Une autre raison qui a beaucoup compté dans la décision d’abstention mérite, elle aussi, une profonde réflexion. En effet, pas moins de 54% de l’échantillon ont affirmé que « le Parlement et les parlementaires ne servent à rien ». Là encore, il est malheureux de constater que l’idée que se font les citoyens du rôle du Parlement et des députés est plutôt négative. Faut-il en trouver les raisons dans le même manque d’encadrement politique de la part des partis? Certainement. A moins que, comme l’affirment 50% de l’échantillon, les citoyens «ne sont pas contents de la situation actuelle». Ou encore parce qu’ils «n’ont pas confiance dans les hommes politiques en général» (50%), que «les programmes des candidats se ressemblent» (50%).

Les personnes interrogées ont également estimé que «les partis politiques n’ont aucun pouvoir et que c’est le Roi qui décide» (43%). Dans le même ordre d’idées, ils sont 39% de l’échantillon à affirmer que le gouvernement n’a aucun pouvoir et que c’est le Roi qui gouverne».

Le très grand nombre de candidats et de partis qui s’étaient présentés aux législatives est aussi invoqué comme une des raisons de l’abstention. Ils sont, en effet, 37% de l’ensemble de l’échantillon à estimer que la pléthore de partis n’a pas été pour les pousser à aller voter. Bien au contraire, puisque les électeurs étaient quelque peu perdus entre les différents programmes.

S’agissant du moment où la décision de ne pas aller voter a été prise, le sondage a montré que chez 70% de l’échantillon, cela a été décidé bien avant la campagne électorale. Une attitude qui s’explique mal et dont la raison est à chercher, peut-être encore, du côté du manque d’encadrement des citoyens. D’ailleurs, de nombreux observateurs et aussi beaucoup de citoyens ont toujours reproché aux différentes formations politiques, à quelques rares exceptions, leur absence du terrain dès la proclamation des résultats du scrutin législatif du 27 septembre 2002. Aussi, ils ont été 21% à déclarer que «les élections parlementaires ne les intéressaient pas». D’autres (31%) ont estimé que leurs «votes ne vont servir à rien et que tout était déjà fait».

Campagne électorale «ennuyeuse»
Sur le registre de la campagne électorale, 39% de l’échantillon ont estimé qu’elle «était ennuyeuse» alors que 35% ont affirmé que «ce sont toujours les mêmes candidats qui se présentent aux élections». D’ailleurs, 38% de l’échantillon ne cachent pas qu’ils ne l’ont pas du tout suivi alors que 22% y ont prêté peu d’attention.
Quant à l’impact et aux conséquences des résultats sur la vie quotidienne des citoyens, ils ont été 34% à juger qu’ils ne sont «pas du tout importants». Cependant, 22% estiment au contraire qu’ils sont «assez importants».

Enfin, interrogés sur l’instauration du vote obligatoire comme c’est le cas dans de nombreux pays, 66% de l’échantillon affirment ne pas être du tout d’accord avec cette idée. Reste à signaler que le sondage a intéressé exclusivement les régions où ont été enregistrés les plus forts taux d’abstention. Il s’agit des régions du Grand Casablanca (27% de votants seulement), de l’Oriental (31%), Tanger-Tétouan (34%) et Doukkala-Abda (35%).

La cible était constituée de personnes des deux sexes âgées de plus de 18 ans qui habitent les milieux urbain et rural et qui sont inscrites sur les listes électorales.

Jamal Eddine Herradi
Source: L'Economiste

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