Menu

Nichane-TelQuel : Le procès de la darija ?

Choc des cultures ou réalités sociales ? Tel est le sentiment qui transpire des discussions et des débats de la double «affaire Tel Quel et Nichane». Poursuivi pour atteinte à la personne du Roi, à la morale publique et aux mœurs, Ahmed Reda Benchemsi risque une peine de prison de cinq ans. Verdict, le 24 août prochain. Pour l’heure, et selon les éléments dont nous disposons, il y a lieu de s’interroger sur l’exercice de la liberté d’expression par les acteurs de médias mais également sur une caractéristique de l’environnement : Etat et société civile sont-ils branchés sur la même fréquence ?

En effet, que l’on soit «pour ou contre » la ligne éditoriale de ces deux titres de presse, il n’en reste pas moins qu’il parait nécessaire de dépasser ce stade. Lorsque Ahmed Reda Benchemsi déclare, tout récemment, lors d’un point presse, que dans le cadre de son interrogatoire (par les éléments de la police judiciaire), les officiers de police lui ont demandé «pourquoi s’adresse-t-il aux lecteurs en langue darija ? ». C’est tout de même surprenant, non ? Le darija n’est-elle pas la langue maternelle des marocains, celle qui «unie» les populations et qui assure une communication aussi bien entre les Marocains résidant au Maroc (MRM) qu’entre les Marocains résidant à l’étranger (MRE) ?

Une lecture entre les lignes laisse entrevoir une légère lumière sur la raison qui aurait conduit les policiers à insister fortement sur ce point. Il n’est pas un secret de polichinelle que de dire, aujourd’hui, que c’est l’édito (plus que le dossier Islam et sexe) paru dans le numéro estival de Nichane (hebdo arabophone), qui a déclenché une pluie de rebondissements et une panne sèche sans précédent pour le groupe de presse (Benchemsi a évalué la perte à 1 millions de dirhams avec la «saisie et destruction de plus de 100 000 exemplaires de Tel Quel et Nichane ».

Revenons notre grille de lecture. Et si, tout bonnement, le « hic », c’est qu’il est «interdit » de s’adresser ou interpeler le chef de l’Etat…en darija. Foutaise diront certains ! Pour autant, il semblerait que cet élément, en plus du contenu (accessible au plus grand nombre), ne soit pas étranger à la «garde a vue » du patron de presse.

Si tel est le cas, il devient nécessaire de clarifier les choses dans la perspective de mettre à plat un tabou «invisible » et afin que tout à chacun (faiseurs d’opinions, acteurs de la société civile,…) puissent, à l’avenir, disposer d’une donnée fondamentale dans l’exercice de sa citoyenneté ou de son métier. Lisibilité et visibilité, deux termes, deux mots clés, qui, à coup sûr, permettront à la société marocaine de tendre vers un monde meilleur.

Rachid Hallaouy
Copyright Yabiladi.com

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com