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UE: Critiques voilées sur la liberté de la presse au Maroc

LES relations bilatérales Maroc/UE connaissent une évolution prometteuse et notre pays est apprécié en tant qu’interlocuteur important au sein du partenariat euro-méditerranéen et de la Politique européenne de voisinage (PEV).

Les 27 ministres européens des Affaires étrangères l’ont une nouvelle fois souligné devant la délégation marocaine conduite par le ministre délégué aux Affaires étrangères, Taïeb Fassi-Fihri, lors de la 6e session du Conseil d’association Maroc/UE, le 23 juillet à Bruxelles (cf. L’Economiste du 24 juillet 2007). Les deux partenaires ont également évoqué l’avenir de leurs relations et ont décidé de mettre sur pied un groupe de travail conjoint chargé d’étudier la faisabilité d’un statut avancé revendiqué par Rabat dans son partenariat avec l’UE.

En marge du Conseil d’association, les deux parties ont également signé deux documents, l’un sur la coopération énergétique et l’autre sur la coopération financière 2007-2010. Les domaines plus sensibles politiquement (lutte anti-terroriste, Sahara, respect de la liberté de la presse) ont été réservés pour le dîner au niveau des seuls ministres et de leurs proches conseillers.

Statut avancé

«Nous saluons les efforts d’ouverture politique de ces dernières années au Maroc ainsi que le choix stratégique du Maroc d’ancrer ses politiques sur la pratique démocratique européenne», a dit en substance Luis Amado, le ministre portugais des Affaires étrangères et président en exercice du Conseil de l’UE. Eneko Landabaru, directeur général de la DG Relations extérieures de la Commission, a souligné que la réunion du Conseil d’association «marque la preuve que les relations avec le Maroc sont excellentes dans tous les domaines». Au Maroc, a-t-il dit, «l’UE a fait plus que dans tout autre pays membre de la PEV et avec une coopération financière de 654 millions d’euros entre 2007 et 2010, l’UE prouve qu’au-delà des mots elle peut mettre de la solidarité dans ses relations avec ses partenaires». Gêné par tant de compliments, notre ministre délégué aux Affaires étrangères, Fassi-Fihri, s’est dit «extrêmement satisfait du soutien politique et économique de l’UE au vaste chantier des réformes introduites par le Maroc ces dernières années». Il s’est notamment félicité de la mise sur pied d’un groupe de travail conjoint «spécifiquement dédié à l’analyse du statut avancé réclamé par le Maroc dans ses relations avec l’UE (1)». C’est, dit-il, «une confirmation que le Maroc et l’UE ont décidé de voir plus loin, que nous sommes sur un cap stratégique qui est celui de toujours plus et toujours mieux».

Devant ses pairs, la délégation marocaine a par ailleurs manifesté un intérêt marqué pour la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) et a demandé de renforcer la coopération dans ces domaines. Les Européens ont à ce propos proposé au Maroc de s’aligner au cas par cas sur les déclarations, démarches et positions de l’UE sur les questions relevant de la Politique extérieure et de sécurité commune. Le dialogue politique renforcé, dont la prochaine réunion devrait se tenir en décembre, offrira l’occasion aux deux parties de progresser sur ces thèmes.
L’UE note qu’en 2006, l’économie marocaine a enregistré des performances remarquables, avec un taux de croissance record de 8%, une baisse du chômage sous la barre des 10% ainsi qu’une réduction du déficit budgétaire et un niveau record des investissements étrangers. Ces bonnes performances, dit l’UE, ne doivent pas cependant faire oublier que «l’accélération des réformes sociales est un des principaux défis auquel est confronté le Maroc». Ces réformes, «qui ont pour objectif la réduction de la pauvreté et des disparités sociales qui font souvent le lit des extrémismes et engendrent le désespoir parmi les exclus de la croissance», peuvent contribuer, à ses yeux, à la mobilisation des ressources humaines et à la poursuite de la croissance. «Les indicateurs de santé sont encore problématiques», souligne encore l’UE. Elle encourage le Maroc à mettre en oeuvre résolument son programme d’élimination des bidonvilles et de poursuivre l’application des dispositions du nouveau code de travail. Tout en saluant la mise en œuvre de l’Initiative nationale de développement humain, que la Commission européenne a décidé de soutenir financièrement, l’UE souligne l’importance de garantir «la cohérence de cette initiative innovatrice avec les politiques menées dans le domaine social pour en assurer la pérennité».


Libertés publiques et de la presse: le point noir

LES ministres européens «encouragent les autorités marocaines à persévérer dans leurs initiatives pour consolider les droits de l’homme et poursuivre leur politique d’ouverture et de modernisation». Ils saluent les dernières décisions prises par le Maroc en ce qui concerne l’application des recommandations de l’IER (Instance Equité et Réconciliation), pour lesquelles l’UE a récemment accordé un soutien financier. Ils espèrent que le Parlement et le gouvernement qui sortiront des élections législatives du 7 septembre «se pencheront sur les recommandations de l’IER qui n’ont pas encore été mises en œuvre». La partie européenne appelle par ailleurs «au respect de la liberté d’expression et de la protection des sources des journalistes, ainsi qu’une nouvelle réforme du Code de la presse et du Code pénal afin de dépénaliser les délits d’opinion». Référence directe, en termes très diplomatiques à l’affaire Al Watan qui choque l’opinion publique européenne.


Antiterroriste: excellent

RAPPELANT les attentats terroristes perpétrés au Maroc aux mois de mars et avril de cette année «prouvent que la menace est loin d’être écartée», les ministres européens des Affaires étrangères se félicitent de la coopération en cours avec le Maroc en matière de lutte contre le terrorisme et ont exprimé le souhait d’explorer les voies possibles pour un renforcement de celle-ci dans le cadre du plan d’action d’assistance technique. Dans ce contexte, une réunion au niveau d’experts a été programmée pour novembre 2007.
L’UE a tenu à saluer les mesures prises par le Maroc pour lutter contre le financement du terrorisme et renforcer les contrôles contre le blanchiment d’argent, notamment la législation récemment adoptée en la matière, «qui fournira un cadre légal global pour surveiller, enquêter et poursuivre les activités financières illégales, y compris celles pouvant servir à alimenter le terrorisme».

Source : L'Economiste

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