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Alerte terroriste maximum au Maroc : Faut-il y croire ?

Au lendemain de l’annonce faite par le ministre de l’Intérieur, Chakib Benmoussa, sur le risque très élevé d’attentats terroristes au Maroc et qui serait piloté par la cellule Al Qaida Maghreb, des zones d’ombres viennent brouiller les neurones de bon nombre d’observateurs avertis, soucieux de collecter de l’information (crédible) pour se fabriquer une opinion.

En effet, premier élément d’analyse, le « timing » de l’annonce. Elle est intervenue au moment où l’on apprenait officiellement que le président de la République Française, Nicolas Sarkozy, déprogrammé sa venue au Maroc…à la demande du royaume. Premier «couac» diplomatique entre la France et le Maroc ?

Les avis sont divisés. Certains y voient une réaction normale de l’Etat marocain. «Etant donné la qualité des relations entre ces deux pays, on ne peux pas employer le terme de couac. Il s’agit simplement d’une réaction diplomatique qui veut que les deux Chefs d’Etat, qui s’apprécient par ailleurs, puissent converser dans des délais plus raisonnables». A contrario, certains y lisent une «rupture Sarkoziste» avec les anciennes pratiques. A savoir que le nouveau président français se veut pragmatique avec comme alter ego (et religion) : seul l’intérêt économique prime (rapprochement annoncé entre la Sonatrach et Gaz de France, vente d’armes à l’Algérie,…). En clair, la relation «affective» vouée par Jacques Chirac au Maroc, c’est du passé. Il ne faut donc pas se fier aux apparences et demeurer figer devant des images et des accolades de circonstances. Comme le dit l’expression «cela ne mange pas de pain». Au diable, l’affectif !

Voilà pour le premier épisode de la journée du vendredi 6 juillet. Second «rebondissement», une conférence de presse et l’annonce d’une menace terroriste qui plane sur le Maroc. Durant tout le week-end, l’annonce a fait le tour du monde, toutes les chaînes télévisées ont évoqué et traité cette information, y compris TFI, qui, dimanche soir, a diffusé un reportage lors du JT de Claire Chazal (difficile de faire mieux en matière d’audimat) sur la menace terroriste au Maroc, en mettant en perspective des «Snippers» (super flics) en pleine séance d’entraînement, à Skhirat (près de Rabat), utilisant les nouvelles technologies (scanner). En un mot, nous sommes prêts ! Cependant, on peut s’interroger sur les «informations» dont disposent l’appareil sécuritaire pour «déclencher» le détonateur et alerter l’opinion publique nationale et, surtout internationale.

Quels sont les risques terroristes réels ? Le Maroc est-il plus menacé aujourd’hui qu’hier ? S’agit-il d’une menace orchestrée par la cellule Al Qaida Magrheb ? Si tel est le cas, cela vient contredire la thèse avancée par le ministère de l’intérieur lors des attentats kamikazes de Casablanca au mois d’avril et mai dernier et «légitimé» l’existence de cette dite cellule et sa force de frappe sur le territoire. Dès lors, Chakib Benmoussa se doit d’être plus clair et plus précis sur la nature des frappes qui menacent sur le pays. Le citoyen marocain ne doit pas être privé d’informations qui pourraient, demain, se transformer en acte meurtrier.
En outre, à l’aube de la période estivale, la communauté marocaine installée à l’étranger a également le «droit» de savoir, au même titre que celles et ceux qui ont de séjourner au Maroc durant leur congé annuel.

S’il ne faut rien exclure, négliger ou encore balayer, il n’en reste pas moins que cette situation a rendu l’atmosphère étouffante et malsaine. Chacun tente de récolter des «infos» au gré de son réseau relationnel où de sa proximité avec des décideurs, mais à ce jour, la population et une large majorité de l’opinion publique internationale éprouvent les pires difficultés à y voir clair dans la sphère «Maroc». A ce jour, une certitude, Nicolas Sarkozy a été acclamé en Algérie et s’apprête à boucler son périple Maghrébin, en Tunisie sur une bonne note. Et le Maroc dans tout cela ? Après avoir été zappé par les chaînes étrangères qui ont relayé le déplacement du Chef de l’Etat français (certaines n’ont même pas daigné donner les raisons de la non venue de Nicolas Sarkozy au Maroc), le peuple est dans l’attente d’informations crédibles et officielles de la part des autorités compétentes, non pas sur le report de la visite de «Sarko», mais sur les menaces qui hantent ses nuits et entretiennent la psychose.

Rachid Hallaouy
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