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Sahara : Madrid, Paris et Washington veulent une solution équilibrée

Des négociations concernant le future du Sahara sont prévues aux Etats-Unis, entre le Maroc et le Polisario, le 18 et 19 juin à New York. Certains craignent un possible échec, vu les désaccords sur la constitution de la délégation marocaine. N’empêche que ce dossier est fortement présent dans les pourparlers entamés ces derniers jours par les responsables espagnols avec Paris, Washington et l’ONU.

A ce propos, la porte-parole adjointe du Secrétaire général des Nations unies, Marie Okabe, a confirmé au début de cette semaine que les négociations directes entre le Polisario et le Maroc sont prévues les 18 et 19 juin à New York avec la présence de l'Algérie et la Mauritanie comme observateurs, ont pour but de trouver une solution au vieux conflit qui oppose le Maroc et le Front Polisario sur la question du statut du Sahara.

Selon des sources diplomatiques haut placées liées à l’ONU, le secrétaire général Ban Ki-Moon aurait demandé aux deux parties de mandater une délégation composée de seulement quatre membres. Le secrétaire général voudrait que les deux délégations effectuent, lors de cette première séance, une série de rencontres pendant les deux jours, au moins trois. Ban Ki Moon inaugurera les négociations, mais l'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Peter van Walsum présidera ensuite les sessions des pourparlers.

Ban Ki-Moon chercherait de la sorte, conformément à la résolution onusienne 1754, à présenter au Conseil de sécurité, en fin du mois en cours, un premier rapport sur les dites négociations. Cela étant, le secrétaire général aura donc, en fixant la date et le lieu des pourparlers, mis fin à certaines rumeurs qui parlaient de quelques rencontres préliminaires qui auraient lieu, entre les deux parties concernées, à Genève, avant celle de New York, pour régler certains aspects techniques comme la constitution de la délégation.

Cependant, les deux parties n’ont pas, paraît-il, réussi à régler leurs différends, notamment avec le refus du Polisario devoir siéger autour de la table de négociations des membres du Corcas, le COnseil Royal Consultatif pour les Affaires Sahariennes, et particulièrement son président Khalihenna Ould Errachid. Mais pour Rabat il n’est pas question d’exclure une grande partie des Sahraouis partisans de l’unité avec le Maroc. Les observateurs croient donc qu’il serait difficile pour Rabat de ne pas inclure quelques représentants de ces derniers dans la délégation marocaine, quitte à boycotter les dites rencontres, au cas où le Polisario persiste dans son refus. Et toujours pour ces observateurs, si Rabat acceptait cette condition, il lui serait difficile de justifier son attitude à l’opinion publique marocaine. Cela signifierait qu’il n’existe point de Marocains sahraouis, que la mise en place du Corcas était chose vaine, et que toute la campagne internationale ayant été entreprise pour sa promotion n’aurait pas dû avoir lieu. Bref, le consentement du Maroc serait interprété comme une lourde défaite infligée à la diplomatie marocaine.

La diplomatie marocaine a au demeurant, été secouée par une rude épreuve, quand l’ambassadeur américain à Rabat, Thomas Riley, a lancé sans aucun état d’âme, le mois dernier lors d’un point de presse, que le Polisario est le seul représentant du peuple sahraoui. Pourtant, nos diplomates ont gardé le silence devant cette déclaration outrageante. En revanche, nombre de partis et d’associations ont exprimé leur indignation, demandant au gouvernement d’adopter une attitude sévère vis-à-vis de ces propos qu’ils qualifient de partisans.

Parallèlement, dans toutes les rencontres des responsables espagnols avec leurs homologues étrangers concernés peu ou prou par ce dossier, une place de choix est accordée au conflit du Sahara. L’accent est notamment mis sur la France et les Etats-Unis en vu de mettre en place une politique conjointe, loin des divergences qui caractérisaient l’action en la matière de ces pays respectifs. En témoigne la dernière rencontre ayant réuni le chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, le président français, Nicolas Sarkozy, et la secrétaire américaine aux Affaires étrangères, Condoleezza Rice la semaine passée.

Selon des sources très proches de la présidence du gouvernement à Madrid, en raison des prochains pourparlers prévus entre le Polisario et le Maroc en vu de trouver une solution au conflit du Sahara, une importance particulière a été accordée à ce problème, lors de cette réunion, le 31 mai. Le chef de l’exécutif espagnol et le président français se sont mis d’accord sur deux points essentiels :

- Appuyer en premier lieu les efforts onusiens visant à résoudre ce problème, pour mettre fin à trois décennies de tensions et d’affrontements;

- Encourager les parties concernées à trouver une solution finale qui ne porte point atteinte à la stabilité des pays de la région, ni n’exacerbe les tensions déjà enflammées.

Le dossier a été également présent lors de la visite que la secrétaire américaine d’Etat, Condoleezza Rice, a effectuée à Madrid le 1 juin, où elle a eu des entrevues avec le chef du gouvernement, José Luis Zapatero, ainsi que son homologue espagnol, Miguel Angel Moratinos. « Lors de nos pourparlers, nous avons convenu avec Rice de la nécessité d’œuvrer pour trouver une solution au conflit du Sahara occidentale, et ce en appuyant les efforts entrepris par le secrétaire général », a déclaré Moratinos lors de la conférence de presse qui a été tenue à l’issu de cette rencontre. Et de poursuivre : « Madrid et Washington sont résolues à faire aboutir les négociations qui auront lieu entre le Maroc et le Polisario. D’ailleurs, nos discussions sur le dossier du Sahara font partie de celles que nous menons pour améliorer les relations avec la région du Maghreb. »

De nouveau, le Sahara est encore présent dans les entretiens que le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a eu avec José luis Zapatero, mercredi 6 juin courant. Les deux responsables ont décidé de trouver une solution équilibrée à ce conflit.

Entre-temps, le Polisario paraît décidé à instrumentaliser intensément, les mois à venir, le dossier des droits de l’homme, espérant de ce fait de mettre le Maroc dans l’embarras. En effet, les séparatistes orchestrent désormais leurs actions avec un comité norvégien qui aurait été, dans les années quatre vingt, derrière la création à l’échelle mondiale du Comité anti-apartheid en Afrique du Sud. Ledit comité chercherait donc à répéter au Sahara le même scénario, en mobilisant partis politiques, associations culturelles et des droits humains, ainsi que les centres internationaux de recherche, et ce dans l’objectif de montrer que les Sahraouis souffrent du même calvaire dont les Africains de couleur pâtissaient sous l’apartheid. Certes, il ne s’agit que d’une propagande gratuite non fondée, mais elle n’en est pas moins lourde de conséquences pour l’image du Maroc.

El Houssine Majdoubi, Espagne
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