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Les 50 ans du Traité de Rome vus du Maroc

Il y a 50 ans le Maroc arrachait son Indépendance à la France. A la même époque – le 25 mars 1957 –, six pays européens ont fondé la Communauté économique et européenne (CEE). «La géographie dicte la politique», disait Napoléon, sauf que la même géographie a dicté 2.000 ans de guerres puis 50 ans de paix.

Cinq ans après les affres de la Deuxième Guerre mondiale, l’Allemagne et la France avec l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg se mettaient autour d’une table pour se reconstruire ensemble. Il fallait du charbon et de l’acier: la Communauté européenne du charbon et de l’acier (Ceca) est née, débouchant sur le Traité de Rome le 25 mars 1957 qui a institué la CEE. L’aventure européenne avec le Maroc commence dès 1963, deux ans après l’accession au trône du défunt Souverain Hassan II, et bien avant l’accord d’association.

Aujourd’hui, 27 Etats sont membres de l’Union européenne; une série d’accord ont jalonné ces 50 ans. Au regard de la nouvelle architecture mondiale abritant aussi la montée des fondamentalismes, les intérêts communs de l’UE et du Maroc sont devenus impératifs: coopération sécuritaire, antiterroriste, lutte contre la migration clandestine... Pourtant, l’arrimage définitif à l’Europe semble compromis.

Des rapports politiquement plus engagés…
Le «statut avancé» permet au Royaume de challenger les niveaux de développement européen (économique, politique et social) pour être plus «intégré», et ce, sans choquer l’opinion publique européenne, à fleur de peau, dès lors que le mot «adhésion» est lancé à propos d’un pays musulman.

Il semble plus difficile aujourd’hui de la négocier que dans les années
80, ou suite à la proposition de feu Hassan II d’adhérer en 1987.
L’Europe des 6 puis des 9 et aujourd’hui des 27 n’a plus envie de parler d’adhésion du Royaume, tandis que la Turquie maintient envers et contre tout sa demande, bien plus avancée d’ailleurs que l’idée du Maroc.

Au risque de déplaire à Paris, Madrid ou Bruxelles, Rabat développe volontiers ses rapports avec les Etats-Unis, le Moyen-Orient et les pays africains. «Depuis juillet 2005, les relations entre l’UE et le Maroc sont entrées dans une nouvelle phase que les deux parties considèrent comme plus ambitieuse et politiquement plus engagée», explique la Commission européenne. La politique européenne de voisinage est un nouvel instrument destiné depuis janvier 2007 à régir les relations extérieures de l’UE avec ses voisins de l’Est et du Sud de la Méditerranée non concernés par une perspective d’adhésion.

Comment le Maroc peut-il être un partenaire extérieur pendant que le processus de Barcelone vise d’ici à 2012, dans cinq ans, l’instauration d’une zone de libre-échange euro-méditerranéenne et pendant que le statut avancé lui demande de se rapprocher des standards européens? Les bilans du processus de Barcelone restent par ailleurs mitigés (cf. nos nombreuses analyses sur le sujet, www.leconomiste.com). La PEV est de «faire profiter les voisins de l’Union européenne des bénéfices de l’élargissement en renforçant la stabilité, la sécurité, et le bien-être pour tous ceux qui seront concernés». Cette relation «privilégiée» est construite sur engagement commun, principalement dans le champ du respect des règles de droit, de la bonne gouvernance, du respect des droits de l’homme et des principes de l’économie de marché et du développement durable.

L’accord d’association est le cadre juridique de la politique de voisinage. Ce qui se rajoute aux engagements économiques de l’accord d’association, des considérants de relations politiques et sociales, des préoccupations relatives à l’immigration, aux droits de l’homme, à la santé et à l’éducation.

La plus forte des aides
En accompagnement de l’accord conclu en 1976 entre le Maroc et l’Europe, 4 protocoles financiers ont été signés durant la période 1976-1996 complétés par des prêts de la Banque européenne d’investissement (voir L’Economiste du 23 mars 2007). Les aides européennes au Maroc sont considérablement plus élevées que n’importe quelles autres aides.

Les mécanismes d’aide au développement sont venus soutenir le processus via les programmes qui s’appellent aujourd’hui Meda :
- Meda I (1996-1999) qui représentait un triplement de l’aide accordée au Maroc par rapport aux protocoles financiers initiaux
- Meda II (2000-2006) ce qui a «permis d’appuyer la transition et l’équilibre socio-économique du Royaume», selon la CE.

La PEV, kesaco?
"Statut avancé», «PEV»…bien des concepts nouveaux ont fleuri dans l’inimitable (et bien perturbant) jargon politique européen, pourvu que l’on ne parle pas d’adhésion.
Le plan d’action de la Politique européenne de voisinage avec le Maroc repose sur six axes:
- dialogue politique et réformes;
- réforme économique sociale et développement ;
- commerce, marché et réforme réglementaire;
- coopération dans les domaines de la Justice et des Affaires intérieures;
- transport, énergie, société de l’information, environnement, science et technologie, recherche et développement;
- rapprochement entre les peuples, bien que ce concept reste «flottant».

Hiba Bensouda
Source: L'Economiste

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