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Maroc-Espagne: Zapatero en force

José Luis Rodriguez Zapatero arrive aujourd’hui à Rabat pour coprésider, avec son homologue Driss Jettou, la 8e haute commission mixte. Le président du gouvernement espagnol est à la tête d’une forte délégation composée de huit ministres de premier plan. Cela montre l’importance qu’accorde l’Espagne à cette visite.

D’ailleurs, la deuxième interconnexion électrique entre le Maroc et l’Espagne sera inaugurée à Tarifa lundi matin, juste avant l’atterrissage de l’avion de Zapatero. C’est dire que le couple Rabat-Madrid se porte bien. L’ordre du jour de cette réunion de deux jours (5 et 6 mars) est riche. Outre les entretiens sectoriels entre les ministres espagnols et leurs homologues marocains, le déplacement de Zapatero à Rabat sera couronné par une audience royale mardi en fin de matinée, juste après la déclaration commune et la traditionnelle conférence de presse. En principe, des accords devraient être signés au cours de la réunion plénière de mardi matin, même si les discussions pour finaliser les documents étaient toujours en cours alors que nous mettions sous presse. Une chose est sûre, l’Espagne est fortement intéressée par des projets dans l’énergie éolienne et solaire avec l’ONE et la signalisation dans le transport ferroviaire avec l’ONCF. Autres secteurs visés, le dessalement de l’eau de mer et la logistique dans le complexe portuaire de Tanger-Méditerranée.

Coup d’accélérateur
Le domaine agricole sera également au centre des préoccupations des deux parties. D’ailleurs, Elena Espinosa Mangana, ministre de l’Agriculture, des Pêches et de l’Alimentation, devrait rencontrer son homologue Mohand Laenser. Au menu des discussions, l’agro-industrie. Certes, les entreprises espagnoles sont présentes dans la production agricole dans le Nord et à Agadir, mais l’Espagne est aussi intéressée par l’industrie de transformation des produits agricoles et de la pêche. A cela s’ajoutent les machines agricoles et les produits de conditionnement.

Au-delà du volet économique, les relations politiques sont qualifiées d’excellentes. Rabat a montré sa disponibilité à donner un coup d’accélérateur à la coopération bilatérale.

A la veille de la visite de Zapatero, le Maroc a annoncé la ratification définitive de l’accord de pêche liant Rabat à l’Union européenne, mais profitant quasi totalement à Madrid. L’accord est donc opérationnel et la flotte espagnole peut déjà lancer ses filets dans les eaux maritimes marocaines. Zapatero ne restera pas insensible à ce geste.

Cependant, une autre question centrale dans la relation dominera la visite de la délégation espagnole. Il s’agit du projet d’autonomie pour le Sahara marocain que présentera le Maroc en avril prochain aux Nations Unies. Madrid a été la deuxième étape de la tournée de la délégation marocaine pour exposer les grandes lignes du projet, après Paris et avant Washington, Londres, Moscou et Berlin. Le soutien espagnol à une solution politique dans ce conflit sera décisif. Sur ce dossier, Madrid, devenue puissance régionale, cherchera-t-elle l’équilibre entre Rabat et Alger ou, au contraire, mettra tout son poids dans la balance pour résoudre un problème qui mine l’intégration régionale? On le saura dans les prochaines semaines.

La lutte contre le terrorisme sera également au menu. La présence de Perez Rubalcaba, ministre de l’Intérieur, et Fernandez Bermejo en charge de la Justice, en dit long sur les chantiers communs à poursuivre. La coopération bilatérale dans ce domaine est qualifiée d’exemplaire des deux côtés de la Méditerranée. L’échange d’informations et la collaboration entre les deux polices d’une manière générale ont donné des fruits dans ce domaine. Là encore, des accords entre les départements de l’Intérieur et de la Justice seront signés à l’occasion de ce déplacement.

La coopération est également excellente dans le domaine de la lutte contre l’émigration clandestine. Sur ce chapitre, Madrid reconnaît le rôle décisif du Maroc dans la réduction des flux migratoires. Les efforts déployés par Rabat depuis 2004 pour contrôler ses frontières ont permis aux services de sécurité de démanteler 1.150 réseaux de trafic d’immigrés clandestins et l’arrestation de milliers de personnes. Le déploiement de 11.000 hommes pour surveiller les côtes a coûté à Rabat 100 millions d’euros par an, alors que la promesse d’aide de 70 millions d’euros de l’Union européenne n’a pas encore été concrétisée. D’ailleurs, la pression sur l’Espagne a nettement baissé et les itinéraires des clandestins se sont déplacés vers les pays du Sud. Aujourd’hui, les mafias du trafic des êtres humains opèrent à partir de la Mauritanie vers Las Palmas.

Dans la lutte contre le trafic de drogue, les résultats de la coopération sont aussi concrets: démantèlement de réseaux, saisies de quantités de cannabis et de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud… En interne, les autorités ont lancé des opérations d’envergure pour limiter la culture du cannabis (cf. www.leconomiste.com). Elles ont pu faire de Larache province sans cannabis. Les statistiques des Nations Unies abondent dans ce sens, puisque le Maroc a pu réduire de 40% la production de cannabis en 2005. C’est le seul pays au monde à avoir réalisé ces performances.

Mohamed Chaoui
Source: L'Economiste

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