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Conflit saharien : ni vainqueur, ni vaincu ?

« C’est un moment historique, au vrai sens du terme ! » Après six mois d’intenses débats avec tout ce que le Sahara occidental compte de notables et de leaders d’opinion, puis deux nuits blanches passées à peaufiner le texte, Khalihenna Ould Errachid, le président du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), est convaincu, en ce 6 décembre, de disposer enfin d’un plan « fiable » pour résoudre le conflit qui, depuis plus de trente ans, oppose le Maroc aux indépendantistes du Polisario.

Adopté quelques heures plus tôt, à Rabat, à l’unanimité des 140 membres du Corcas, le document préconise l’octroi d’une large autonomie aux « provinces du Sud », qui se traduira notamment par la mise en place d’un gouvernement, d’un Parlement et d’une autorité judiciaire sahraouis, sous souveraineté marocaine. Ses rédacteurs sont favorables à une révision de la Constitution du royaume afin d’y introduire la notion d’autonomie. Le projet doit maintenant recevoir l’aval de Mohammed VI. Il sera ensuite soumis au Conseil de sécurité de l’ONU, avant le 30 avril 2007, date d’expiration du mandat de la mission onusienne au Sahara.

« Le roi pourrait être conduit à retoucher légèrement le texte, mais son accord est acquis d’avance », estime une source proche du Palais. C’est en effet plus que probable puisque c’est Mohammed VI lui-même qui est à l’origine de l’initiative. Conscient que la position d’Hassan II, son père, (intégration pure et simple du Sahara au royaume) et celle du Polisario (indépendance totale) étaient définitivement inconciliables, il a tranché, en août 2005, en faveur d’une solution de type « ni vainqueur, ni vaincu » : l’autonomie du Sahara dans le cadre de la souveraineté marocaine.

Habilement, M6 choisit, le 25 mars dernier, de confier l’élaboration du projet « aux Sahraouis eux-mêmes », c’est-à-dire à un Corcas rénové et rajeuni, dont la présidence est confiée à la plus éminente personnalité du territoire depuis un quart de siècle : Khalihenna Ould Errachid (55 ans). Député-maire de Laayoune, ce notable de la tribu des Reguibats - à laquelle appartiennent la plupart des dirigeants du Polisario - est à la fois un monarchiste convaincu et un autonomiste dans l’âme. À l’évidence, c’est l’homme de la situation. Convaincu du sérieux de l’initiative royale, Khalihenna multiplie les déplacements à l’étranger (Paris, Madrid, Washington) pour exposer les grandes lignes du projet, tend la main à Alger, qui héberge et soutient les indépendantistes, puis engage au sein du Corcas un débat de fond sur les contours de l’autonomie souhaitée.

« Partout, affirme le patron du Corcas, mes interlocuteurs ont reconnu la justesse de notre approche, qui permet à nos frères de Tindouf de rentrer chez eux la tête haute et garantit les droits culturels, économiques et politiques - y compris le droit à l’autodétermination - de tous les Sahraouis. »

Tel n’est évidemment pas l’avis de la direction du mouvement indépendantiste, qui voit dans le projet une « manœuvre du Palais » pour court-circuiter l’indépendance du territoire. À New York, certains diplomates ont compris que le référendum d’autodétermination n’aurait jamais lieu en raison d’insurmontables divergences sur l’identification du corps électoral. Ils pourraient donc préférer cette solution à un statu quo jugé « intenable ».

Source: Jeune Afrique

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